Biographie Théophile Gautier 1861-1872

Cette biographie a été établie par Pierre Laubriet, ancien président de l’Université Paul Valéry (Montpellier 3) d’après l’édition de la Correspondance Générale de Théophile Gautier éditée par Claudine Lacoste-Veysseyre, 12 vol., Droz, Genève-Paris, 1985-2000.

TROISIEME PARTIE

1861

10 janvier. – Publication dans Le Papillon du poème «  Le Jésus des neiges ; Noël  » qui entrera dans la quatrième édition d’Émaux et Camées en 1863.

1er février. – Dans le Moniteur universel, article nécrologique sur Henri Murger.

4 février. Dans le M.U. article sur «  Les Nuits d’hiver, par Henry Murger  » ; cet article entrera en 1874 dans les Portraits contemporains.

11 mars. – Traité avec Charpentier pour l’édition du Capitaine Fracasse.

14 mars. - Le Figaro annonce : «  M. Théophile Gautier a accepté la présidence de la commission chargée de l’emploi des fonds de la souscription ouverte par les amis d’Henri Murger  » et destinés à l’érection d’un monument à la mémoire de l’écrivain.

15 avril. – Publication dans La Revue fantaisiste du poème «  Vieille guitare romantique : Carmen  », qui entrera dans la quatrième édition d’Émaux et Camées en 1863 sous le titre «  Carmen  ».

26 avril. – Gautier, qui a dîné chez Eugénie Fort, y refait les vers du poème «  La Nativité  », qu’il avait publié en mars 1856 pour la naissance du prince impérial.

2 mai. – Début des comptes rendus du Salon de 1861 dans le M.U. ; ils se poursuivront les 6, 10-11, 17, 19, 23-25, 31 mai, 7, 21-23, 25, 27, 29 juin, 1er, 2, 3, 5, 6, 7, 9, 10, 12, 13-14, juillet.

27 mai. – Eugénie Fort note dans son Journal : «  Il (Toto) me raconte que son père est allé dimanche aux Tuileries, l’Empereur l’a reçu d’une façon qui lui a plu…  » Gautier lui portait une livraison des Trésors d’art (de la Russie).

16 juillet. – Publication de : Les Poètes françaisrecueil des chefs d’œuvre de la poésie française depuis les origines jusqu’à nos jours. Gautier y a écrit les notices sur Théophile de Viau et Saint-Amant qui ont été publiées dans Fusains et Eaux-fortesen 1880.

3 août. – Dans le M.U. article sur «  La Chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice par M. Eugène Delacroix  » : «  Jamais auteur de (….) tant d’autres chefs d’œuvre n’a été plus hardi, plus vivace, plus emporté, plus romantique en un mot.  »

Gautier part pour son second voyage en Russie. Il est accompagné de son fils Théophile et d’Olivier Gourjault, un ami de la famille Gautier.

9 août. – Gautier et ses compagnons arrivent à Saint-Pétersbourg. Il est découragé par la lenteur que met le photographe Richebourg à lui fournir ses planches, et par le retard de la publication de l’ouvrage des Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne : lettre du 4-16 août à Gide, l’éditeur français (Corrgén., tome VII, p. 306).

18 août. – Gautier part pour Moscou, pour un court passage : «  Nous sommes à Moscou, écrit-il à Ernesta le 19, prêts à partir pour Nijni-Novgorod, où se tient une foire très curieuse qui rassemble sur un point tous les peuples à costumes de la Russie. C’est comme si l’on faisait un long voyage, tout est groupé sous l’œil. Ensuite nous retournerons à Moscou, et de là à Saint-Pétersbourg, puis en France vivement ; l’année n’est guère favorable pour les entreprises de l’art.  » (Corr. gén., tome VII, p. 307)

20 août. – Gautier part pour Nijni-Novgorod.

22-23 août. – Description dans le M.U. du sacre et du couronnement de LL.MM. l’Empereur Alexandre et l’Impératrice Marie Alexandrowna.

2 septembre. – Gautier est de retour à Moscou.

15 septembre. – Il est à Saint-Pétersbourg, où il est reçu en séance solennelle de l’Académie, «  membre attaché honoraire de l’Académie impériale des Arts  », en tant que peintre.

28 septembre. – En possession de son passeport pour la Prusse, il quitte Saint-Pétersbourg. Il rencontre Ernest Feydeau à Bamberg et s’arrête à Genève chez Carlotta Grisi, où il est immobilisé par un rhumatisme qui «  l’a empoigné par le genou gauche avec ses griffes lancinantes  » ; le voyage en Russie a d’ailleurs été peu favorable à sa santé : dans cette même lettre à Turgan, «  rhume atroce, dysenterie opiniâtre, arthrite, se sont disputés ma pauvre carcasse  » (lettre du 14 octobre, de GenèveCorr. gén., tome VII, p. 323). Il s’amuse à composer des bouts-rimés donnés par Ernesta, Toto, Carlotta, Judith et l’institutrice de la villa.

19 octobre. – Annonce dans la Bibliographie de la France de la première livraison des Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne.

23 octobre. – Son «  rhumatisme articulaire  » du genou est à peu près guéri «  à force de chloroforme et d’immobilité  » (Corr. gén., tome VII, pp. 325-326). Gautier est de retour à Paris.

31 octobre. – Premier article dans le M.U. des «  Esquisses de voyage  » sur ce second voyage en Russie. Les suivants paraîtront les 11, 17, 23, 30 novembre et 12 décembre.

30 novembre. – Annonce de la publication des deuxième et troisième livraisons des Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne.

6 décembre. – Gautier est allé à Mantes.

10 décembre. – Publication dans La Revue nationale et étrangère du poème «  Après le feuilleton  », qui entrera dans la quatrième édition d’Émaux et Camées en 1863.

25 décembre. – Début de la publication dans La Revue nationale et étrangère du Capitaine Fracasse. La publication se poursuivra les 10, 25 janvier 1862, 10 février, 25 mars, 10 juillet, 10 août, 10 septembre, 10 octobre, 10 décembre 1862, 10 février, 10 mars, 10 avril, 10 mai, 10 juin 1863.

26 décembre. – Il lit à Eugénie Fort son poème «  Le Château du souvenir  », dont il est content et qui sera publié dans le M.U.du 30 décembre et entrera en 1863 dans la quatrième édition d’Émaux et Camées.

En 1861, Gautier a publié trente-cinq articles de critique artistique, vingt-neuf de critique dramatique, quatre de variétés, sept de voyages et trois poèmes.

1862

2 janvier. – Dans le M.U. publication de «  Une Esquisse de Velasquez  », article qui sera repris en 1880 dans Tableaux à la plume ; il avait été auparavant transformé pour entrer dans l’étude : «  Don Diego Velasquez de Silva  » publiée en 1863 dansLes Dieux et les demi-Dieux de la peinture.

Janvier. – Gautier est invité à Compiègne.

Février. – Il organise la Société nationale des Beaux-Arts ( voir BSTG n° 16).

8 février. – Annonce de la publication des Poésies complètes chez Charpentier.

fin février. – Carlotta, alors à Paris, devait dîner chez les Gautier ; son «  départ subit  » l’en a empêchée et «  (les) a privés de (lui) dire adieu  » ( Corr. gén., tome VIII, p. 20).

6 et 28 mars. Dans le M.U. comptes rendus de «  L’Exposition du boulevard des Italiens  ».

Fin mars-début avril. – Gautier envoie à Carlotta ce qui est paru du Capitaine Fracasse : «  Je ne sais si j’ai fait un chef d’œuvre, comme le bruit en est venu jusqu’à vous, du moins, j’ai tâché d’être le moins bête possible en ce temps stérile et stupide.  » (Corr. gén., tome VIII, p. 28).

1er avril. – Compte rendu dans le M.U. de l’ouvrage des Goncourt L’Art au dix-huitième siècle : «  Les archives des autographes leur ont ouvert leurs trésors, et souvent un petit billet dans le tiroir d’une chiffonnière en bois de rose leur révèle toute une facette inaperçue de caractère.  »

Fin avril. – Publication de la quatrième livraison des Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne. Selon Sp. de Lovenjoul, la sixième aurait été prête à la publication dès cette date, alors qu’elle ne paraît qu’en février 1866.

10 avril. – Article dans le M.U. «  Revue des arts : Jésus parmi les docteurs, tableau de M. Ingres  », qui témoigne de la fidèle admiration de Gautier pour le peintre.

29 avril. – Gautier part pour l’Exposition de Londres – il est accompagné de toute sa famille : Ernesta et ses deux filles ; Judith a raconté ce séjour à Londres dans Le second rang du collier.

Mai. – Dans La Gazette des Beaux-Arts, article sur «  Meissonier  », qui sera repris dans Souvenirs de théâtre, d’art et de critique.

1er mai. – Gautier est à peine arrivé à Londres qu’il se rend de bon matin à l’Exposition : «  J’ai visité le local soigneusement, prenant des notes et relevant le plan de la chose. Je me suis installé dans une boutique industrielle de connaissance et j’ai écrit au crayon une partie de mon article que je vais terminer cette nuit (…) Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu et j’écris sur le champ, ce qui prouve ma supériorité sur César  ». (Lettre à Dalloz du 1er mai, Corr. gén., tome VII, p. 35). Il se plaint du brouillard londonien. Il retrouve à Londres la famille Lhomme et Louis de Cormenin, et il est satisfait de l’accueil qu’il reçoit, mais il éprouve «  la cherté de la vie anglaise  ».

4 mai. – Début des comptes rendus sur «  L’Exposition de Londres  ». Ils se poursuivront les 10, 11, 18, 20, 24, 27 mai, et le 2, 5, 11 juin et 10 juillet ; dans les Dieux et les demi-dieux de la peinture ont été repris des fragments des articles des 10, 18, 20, 24 et 27 mai sous le titre «  William Hogarth  », et de l’article du 2 juin sous le titre «  Sir Joshua Reynolds  ». Les études publiées dans les Dieux et les demi-dieux de la peinture reparaîtront dans le Guide de l’amateur au Musée du Louvre.

18 mai. – Il fait une excursion au château et au jardin botanique de Kew.

27 mai. – Gautier écrit à ses sœurs qu’il sera de retour «  vers le 5 ou 6 juin environ  » (Corr. gén. tome VIII, p. 44).

30 juin. – Gautier assiste à la reprise d’Antony : «  Il est bon de revoir, dans l’âge mûr, ce qu’on a admiré dans sa jeunesse, et de faire de temps en temps l’inventaire du siècle. Le présent ne doit pas se séparer brusquement du passé, et il y a plus d’enseignement à retirer de ces exhibitions rétrospectives  » (M. U. du 30 juin 1862 , repris dans Histoire du romantisme pp. 166-171).

Fin juin. – Gautier est témoin au mariage d’Arsène Houssaye.

2 août. – Publication du tome IV des Poètes français, publié sous la direction d’Eugène Crépet ; Gautier y écrit la notice sur «  Charles Baudelaire  », qui sera reprise dans Fusains et Eaux-fortes en 1880. Baudelaire le remercie le 4 août : «  C’est la première fois que je suis loué comme je désirais l’être  » (Corr. gén. , tome VIII, p. 58).

7 août. – Gautier part pour l’Algérie, invité par la Compagnie du chemin de fer à l’inauguration de la ligne Alger-Blidah.

15 août. – Gautier assiste à l’inauguration, qui a lieu le jour de la fête de l’Empereur.

22 août. – Gautier est de retour à Paris.

23 août. - Journal des Goncourt : «  Gautier dîne à côté de nous chez Peters. Il revient d’inaugurer les chemins de fer algériens, et il est furieux contre la civilisation, les ingénieurs qui abîment les paysages avec leurs rails, les militaires, tout ce qui met dan un pays une saine édilité.  »

24 août. – Publication dans le M.U. de l’article «  Inauguration du chemin de fer de Blidah  » qui sera repris dans Loin de Parisen 1865.

31 août. - Journal des Goncourt : «  Nous avons reçu ces jours-ci un petit morceau de papier, portant ceci : M*** vous êtes prié d’assister à la petite fête de famille, qui sera donnée à Neuilly, rue de Longchamp, 32, le 31 août 1862  ». Ils y trouvent «  vingt-cinq à trente invités  » et assistent à une représentation de Pierrot posthume par la famille Gautier.

6 septembre. – Gautier est invité à Bruxelles à un banquet en l’honneur de V. Hugo, offert par les éditeurs des Misérablesaux critiques qui ont bien accueilli l’ouvrage. Gautier ne s’y est pas rendu.

18 octobre. – Annonce de la publication de Jean et Jeannette et des Roués innocents chez Hachette.

5 novembre. – Mort de la mère d’Ernesta et de Carlotta Grisi ; Gautier envoie de l’argent à Ernesta et lui fait savoir : «  Nous tenons, en ton absence, la maison de notre mieux, et cela ne va pas trop mal…  » (Corr. gén., tome VIII, p. 74).

15 novembre. – Publication des Aventures du baron de Münchausen, traduction de Théophile Gautier fils, illustration de Gustave Doré et préface de Théophile Gautier. Cette préface sera reprise en 1880 dans Fusains et Eaux-fortes.

22 décembre. – Dans le M.U. compte rendu de Salammbô par Gustave Flaubert. La conclusion de l’article est la suivante : «  Ce n’est pas un livre d’histoire, ce n’est pas un roman : c’est un poème épique !  ». L’article sera repris dans le tome II deL’Orient en 1877. Flaubert l’en remercie dans un billet du 23 décembre, lui disant que son «  panégyrique de Trajan  » le venge «  de la 3ème Philippique de Sainte-Beuve  » (Corr. gén. tome VIII, p. 81).

27 décembre. – Publication de «  Dessins de Victor Hugo  » avec une préface de Th. Gautier ; elle sera reprise en 1883 dansSouvenirs de théâtre, d’art et de critique. Hugo l’en remercie : «  … Vous venez de me donner une joie de jeunesse (…). Ma sombre chambre d’exil m’a semblé tout à coup pleine d’une clarté d’aurore (…) Vous refaites splendidement toutes ces ébauches, et de votre plume elles sortent tableaux. Le peintre, c’est vous ; le poète, c’est vous ; l’âme, c’est vous  » (Corr. gén., tome VIII, p. 77).

En 1862, Gautier a publié trente-six articles de critique dramatique et vingt-trois de critique artistique, deux de variétés et un de voyage.

1863

Des rumeurs circulent selon lesquelles Gautier quitterait le Moniteur universel pour entrer dans l’administration des Beaux-Arts

23 janvier. – Article nécrologique sur «  Horace Vernet  » : «  On le comprenait tout de suite, car il possédait une qualité bien rare dont les pédants font peu de cas : la vision des choses modernes.  »

18 février. – Gautier est invité à dîner chez la princesse Mathilde le 22.

26 février. – Paraît dans le M.U. «  Notes sur le Japon, la Chine et l’Inde, par le baron de Chassiron  », article qui sera repris dans le tome I de L’Orient , en 1877.

Vers le 2 mars. – Gautier, dont le pied a glissé sur le parquet s’est «  rompu un petit nerf du mollet  » et doit renoncer à se rendre à Genève auprès de Carlotta Grisi (lettre à Carlotta du 10 mars, Corr. Gén., tome VIII, p. 104).

10 mars. – Publication dans La Revue nationale et étrangère du poème «  Chanson à boire  », tirée du chapitre XVI duCapitaine Fracasse, paru le même jour dans le M.U. Il entrera en 1876 dans le tome II des Poésies complètes.

3 avril. – Flaubert invite Gautier à Croisset pour régler avec lui le scénario d’un opéra tiré de Salammbô dont Verdi écrit la musique.

25 avril. – Le Ministre d’Etat fait allouer à Gautier, à partir du 1er avril, une indemnité annuelle de trois mille francs. Annonce d’une nouvelle édition des Nouvelles chez Charpentier.

27 avril. – Gautier est reçu à l’unanimité membre des dîners Magny. J. de Goncourt lui en fait part le 28 et l’informe que les dîners ayant lieu le lundi tous les quinze jours, il sera reçu au dîner du lundi 11 mai. Les dîners Magny prennent leur origine dans le dîner que Gavarni, pour célébrer ses retrouvailles avec Sainte-Beuve, donna chez lui le 8 novembre 1862, en invitant avec Sainte-Beuve, les Goncourt, de Chenevières, conservateur du Louvre, et Veynes, son médecin. Ce dîner donna aux participants l’idée d’une réunion bimensuelle que l’on choisit de tenir au restaurant Magny, rue de la Contrescarpe ; ces réunions commencèrent le 22 novembre et se poursuivirent régulièrement jusqu’à la guerre de 1870, en s’ouvrant à d’autres convives. Étaient présents le 27 avril, pour la réception de Gautier, les Goncourt, Gavarni, Sainte-Beuve, Charles Edmond, Paul de Saint-Victor, Tourgueneff, Taine, Baudry, E. Soulié.

11 mai. – Gautier assiste à son premier dîner chez Magny ; il y défend Balzac contre Sainte-Beuve. Les Goncourt relateront dans leur Journal les dîners Magny, où Gautier est souvent en scène.

13 et 20 mai. – Dans le M.U., deux articles sur la rénovation par Charles Garnier de la salle de la rue Lepeletier, que Gautier appelle assez improprement dans ses articles «  le nouvel Opéra  ».

23 mai. – Début dans le M.U. des comptes rendus du Salon de 1863 ; ils se poursuivront les 13, 18-20 juin, 3, 8-11, 17, 31 juillet, 7, 22 août et 1er septembre.

10 juin. – Traité avec Charpentier pour la publication des Romans et contes et des Poésies nouvelles, tirage à cinq cents exemplaires chacun, pour la somme de mille francs.

13 juillet. – Gautier est prié de venir dîner chez la princesse Mathilde le 15 (Corr. gén. tome VIII, p. 159)

17 juillet. – Les Goncourt dînent à Neuilly chez Gautier ; ils tracent un charmant portrait de Judith et d’Estelle, qui leur parlent avec enthousiasme de leur Chinois. Il s’agit de Ting-Tun-Ling, qui leur sert alors de professeur de chinois et qui s’installera complètement à Neuilly au début de 1864, faisant désormais partie de la famille. Judith Gautier, dans Le second rang du collier, a raconté son introduction et son installation à Neuilly.

14 août. – Article nécrologique dans le M.U. sur «  Eugène Delacroix  », qui sera repris dans les Portraits contemporains en 1874.

15 août. – Publication des Poésies nouvelles chez Charpentier.

31 août. – Nouvelle représentation à Neuilly pour l’anniversaire de Gautier ; on joue Pierrot posthume et Le Tricorne enchanté, toujours dans les décors peints par Puvis de Chavannes et interprétés par la famille. Judith en rend longuement compte dans Le second rang du collier et cite un certain nombre d’invités.

7 au 12 septembre. – Gautier est chez George Sand à Nohant. Il y a reçu, écrit-il à Ernesta Grisi : «  l’accueil le plus amical (…) Madame Sand est la tranquillité même (…) ; il est impossible d’être meilleure femme et meilleur garçon à la fois.  » (Corr. gén. tome VIII, p. 164). Le 14 septembre, au dîner Magny, il dira que Nohant est amusant «  comme un couvent de frères Moraves  » et il racontera l’emploi du temps d’une journée. Il y voit le théâtre de marionnettes aménagé par Maurice Sand, mais il ne pourra assister à la représentation, la troupe étant dispersée «  par l’ouverture de la chasse  ».

15 septembre. – Il dit à George Sand son regret de ne pouvoir retourner à Nohant assister à une représentation de marionnettes, retenu par ses articles sur les envois de Rome (Corr. gén. tome VIII, p. 178).

3 septembre. – Début de ses comptes rendus sur les «  Concours pour le grand prix de l’École des Beaux-Arts  » ; ils se poursuivront les 10, 26 septembre et 1er octobre.

28 septembre. – Dans le M.U. article nécrologique sur «  Alfred de Vigny  »: «  Peu d’écrivains ont réalisé comme Alfred de Vigny l’idéal qu’on se forme du poète  » (Cf Histoire du romantisme, pp.162-165). Louis de Cormenin incite Gautier à se présenter sur le fauteuil ainsi rendu vacant à l’Académie française. (Corr. gén. tome VIII, p.182).

23 octobre. – Gautier ne peut accompagner les Goncourt à Croisset, chez Flaubert, Ernesta étant partie pour Genève ; il leur annonce la publication du Capitaine Fracasse, dont ils trouveront les volumes chez eux ; ils n’apprécient pas le roman. (Corr. gén., tome VIII, p. 190).

7 novembre. – Annonce dans la Bibliographie de la France de la publication du Capitaine Fracasse. Le 14, annonce des deuxième et troisième éditions. Gautier écrit à Ernesta Grisi le 30 novembre : «  Le succès du Capitaine Fracasse dépasse celui des Misérables et sa vogue grandit tous les jours  » (Corr. gén., tome VIII, p.208).

9 novembreJournal des Goncourt : Théophile Gautier développe la théorie  » qu’un homme ne doit se montrer affecté de rien, que cela est honteux et dégradant, qu’il ne doit jamais laisser passer la sensibilité dans ses œuvres, que la sensibilité est un côté inférieur en art et en littérature.  »

19 novembre. – Gautier est réélu président de la Société nationale des Beaux-Arts. Il prononce à l’assemblée générale de cette Société, le même jour, une courte allocution, reproduite dans Le Courrier artistique du 6 décembre.

23 novembre. – Au sortir du dîner Magny, Gautier se plaint de ce que, dans ses articles récents du Constitutionnel, Sainte-Beuve n’ait pas parlé des poésies «  où il a mis le plus de lui-même des Émaux et Camées » (Goncourt, Journal).

28 novembre. – État des comptes de Gautier à ce jour pour ses publications chez cet éditeur depuis 1861 : Gautier a touché 16.139, 40 francs.(Corr. gén. tome VIII, p. 207).

30 novembre. – Gautier est nommé membre du Conseil supérieur de l’enseignement pour les Beaux-Arts.

15 décembre. – Annonce de la quatrième édition du Capitaine Fracasse.

19 décembre. – Annonce de la publication des Dieux et demi-dieux de la peinture, chez Morizot, avec une introduction par Th. Gautier, avec, outre ses études déjà citées sur Hogarth, Reynolds et Velasquez, deux études sur «  Corrège  » et «  Murillo  », qui, comme les précédentes, reparaîtront en 1882 dans le Guide de l’amateur au Musée du Louvre.

28 décembre. – Gautier est invité à souper chez la princesse Mathilde le 31 (Corr. gén., tome VIII, p. 225).

En 1863, Gautier a publié vingt-cinq articles de critique artistique et quarante-huit de critique dramatique, trois de variétés et un poème.

1864

2 janvier. – Quatrième édition du Capitaine Fracasse chez Charpentier.

6 janvier. – Gautier rappelle aux artistes leur promesse d’envoyer à l’Exposition de la Société nationale des Beaux-Arts qu’il organise, au moins une de leurs œuvres inédites. (Corr. gén., tome VIII, p.239).

7 et 13 janvier. – Deux articles dans le M.U. sur «  Don Quichotte, illustré par Gustave Doré  ». Il admire la profonde étude de l’Espagne à laquelle s’est livré Doré pour illustrer le livre.

9 janvier. Annonce d’une nouvelle édition de Mademoiselle de Maupin chez Charpentier.

16 janvier. – Gautier rend visite avec son fils, à George Sand qui, malade, ne peut les recevoir (Corr. gén., tome VIII, p. 244).

17 janvier. – Selon le Courrier artistique, qui cite son discours, Gautier propose à la Société nationale des Beaux-Arts, qu’il préside, de créer, à l’exemple des Vendrediens de Saint-Pétersbourg, une caisse de secours pour aider les sociétaires en difficulté, alimentée par la vente d’un album composé des œuvres des artistes sociétaires.

19 janvier. – Gautier est élu vice-président de l’Union des poètes.

4 février. – Publication dans le M.U. de l’article «  Photosculpture  » qui paraîtra en brochure chez Dupont le 5 mars.

Vers le 10 février. – Gautier est invité à dîner le 13 chez les Goncourt, avec, entre autres, Sainte-Beuve et Flaubert.

18 février. – Dans le M.U., «  Revue des Beaux-Arts : Exposition de la Société nationale des Beaux-Arts  ». Gautier y fait l’éloge de Corot. Les articles se poursuivront les 27 février (il y parlera des «  Patineurs du bois de Boulogne  », de Ziem) et 9 mars.

10 mars. – Gautier est élu président de la commission pour l’exposition des œuvres de Delacroix.

15 mars. – Traité avec Charpentier pour l’édition de l’ouvrage intitulé «  Saint-Pétersbourg  » qui deviendra le Voyage en RussieCorr. gén., tome VIII, p. 267).

23 mars. – Gautier est désigné pour faire partie du jury de la section de peinture pour l’exposition des Beaux-Arts de 1864.

24 mars. – Dans le M.U., article nécrologique sur «  Hippolyte Flandrin  » ; il sera repris dans les Portraits contemporains en 1884.

Avril. – Gautier fait partie du comité chargé d’organiser le trois centième anniversaire de la naissance de Shakespeare ; vers le 15 Paul Meurice lui demande quelques vers pour un «  prologue d’ouverture  ». Il avait annoncé cette manifestation dans un article du M.U. du 4 avril.

Avril. – Publication à Bruxelles, chez Poulet-Malassis, du tome premier du recueil de vers clandestins : Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle, qui contient un certain nombre de pièces de Gautier, signées «  A  ». Il les avait par avance désavouées auprès de l’éditeur par lettre du 16 octobre 1863 : il estimait cette publication «  inopportune et dangereuse  », peut-être à cause d’une éventuelle candidature à l’Académie (Corr. gén., tome VIII, p.189). Les pièces sont les suivantes : «  La Mort  », «  L’Apparition et les obsèques du capitaine M..  », «  Question  », «  Bonheur parfait  », «  Concordances  », «  Le C… de la gloire  », «  Musée secret  » ; ces pièces seront publiées à nouveau en 1873 dans Poésies de Théophile Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres, chez Poulet-Malassis.

18-21 mai. Premiers comptes rendus du Salon de 1864 ; ils se poursuivront les 27 mai, 1er, 5, 10-12, 17, 25 juin, 4, 8, 16, 23 juillet, 3 et 14 août. Dans le premier feuilleton, Gautier fait l’éloge de Meissonier («  S’il est une œuvre d’une individualité profonde, d’une modernité absolue, c’est bien celle-là  »).

Juin. – Gautier est directeur du journal L’Entr’acte.

4 juin. – Annonce de la publication de Les Gladiateurs, Rome et Judée, roman de G.J. Whyte-Melville, traduit par Ch. Bernard-Derosne, avec une préface de Gautier ; cette préface a été reprise dans Souvenirs de théâtre, d’art et de critique en 1883. Gautier prononce l’oraison funèbre de son confrère Pier-Angelo Fiorentino della Rovere, journaliste à La Presse et auConstitutionnel, avec qui il entretint toujours d’amicales relations ; il avait publié le 1er juin un article nécrologique dans leM.U. du soir. E. des Essarts recommande à Gautier le tout jeune peintre Henri Regnault, dont Gautier déplorera la mort en 1871 comme celle d’un très grand maître. (Corr. gén. tome VIII, p. 312).

10 juin. – Gautier fait partie de la commission chargée de l’examen des cantates pour le grand prix de Rome de composition musicale. Il cessera d’en faire partie en 1870.

20 juin. Dîner Magny : Gautier défend la mémoire de Heine contre Sainte-Beuve.

23 juillet. – Gautier a remanié Pierrot posthume en vue d’une reprise au Vaudeville.

13 août. – Gautier quitte sans doute Paris pour l’Espagne, comme correspondant du M.U. pour l’inauguration du chemin de fer qui va relier Madrid à Irún. Il est accompagné par Ernest Reyer.

15 août. – Il assiste à l’inauguration à Saint-Sébastien. Il écrit de là à Dalloz : «  Rey (Reyer) te salue. Il a perdu sa malle et on m’a volé ma couverture. L’Espagne se civilise et se rend digne des chemins de fer qu’on lui fabrique.  » (Corr. gén., tome VIII, p. 334).

17 août. Gautier prend le train pour Madrid ; il s’arrête à Villareal, invité par un ingénieur de la ligne ; on l’emmène le lendemain assister à une course de taureaux à Vittoria et il reprend le soir le train pour Madrid. Il revoit Madrid avec un peu de nostalgie du Madrid d’autrefois, mais avec joie le Museo real et la peinture espagnole. Il revoit l’Escorial et Tolède, puis visite Avila qu’il n’avait pas vue lors de son premier voyage. Il reprend le chemin de fer pour Burgos, où il s’arrête une courte journée, et se retrouve enfin à Irún le 23 août ; ainsi se termine son dernier voyage en Espagne ; il est à Paris probablement avant le 30 août, jour de la reprise de Pierrot posthume au Vaudeville.

18 août. – Début de sa relation du voyage en Espagne dans le M.U. du soir ; la relation se poursuivra les 4 ; 8, 16, 17 et 19 octobre. L’ensemble sera publié sous le titre «  Et Ferro Carril  » dans Quand on voyage en 1865.

30 août. – Reprise de Pierrot posthume au théâtre du Vaudeville, dans une version remaniée (Cf Lov ; HOTG tome II, pp 285-291). Gautier en fera un bref compte rendu dans le M.U. du 5 septembre.

5 septembre.- Gautier part pour Genève pour se rendre chez Carlotta Grisi à la villa Saint-Jean ; il y restera six semaines. Les relations avec Gautier, qui s’étaient distendues à partir de 1852-1853 avaient repris au moment du second voyage de Gautier en Russie – la correspondance, cessée le 23 septembre 1853, reprend le 25 janvier 1861- et vont connaître avec ce séjour une évolution décisive, devenant celle d’une amitié amoureuse ; c’est ainsi que les deux «  amants  » conviendront d’une double correspondance ( voir par exemple la lettre à Carlotta de mi-févier 1866 qui indique les règles suivies, Corr. gén., tome IX p. 178) : l’officielle adressée à domicile, l’intime envoyée poste restante ; cette amitié amoureuse tournera vite à l’amour mystique, comme en témoigne cette seconde correspondance.

18 octobre. Gautier rentre à Paris. Il écrit le lendemain à Carlotta : «  … J’ai eu cinq semaines de félicité parfaite. Vous seule pouviez me les donner et je vous en remercie tendrement  » (Corr. gén. tome IX, p. 351).

2 ou 3 novembre. – Gautier envoie à Carlotta des cadeaux pour sa fête, dont un microscope et l’invite à Neuilly, où il lui fait poser un calorifère pour lui arranger «  un nid commode, moelleux et chaud  » (Corr. gén., tome IX, p. 356).

17-18 novembre. Dans le M.U. deux articles sur «  L’Exposition du boulevard des Italiens : Eugène Delacroix  ». Il s’agit de l’exposition organisée pour le premier anniversaire de sa mort. Gautier rappelle la jeunesse de Delacroix, leurs premières rencontres, et cette période où «  la peinture et la poésie fraternisaient  » et dont Delacroix ressentait la fièvre : «  … Il en avait le génie inquiet, tumultueux, lyrique, désordonné, paroxystique  » (article du 17 novembre). «  Dans ses œuvres, Delacroix a toujours cherché le signe caractéristique, le trait de passion, le geste significatif, la note étrange et rare  ». (article du 18 novembre). Ces articles ont été repris , mais incomplètement, à la suite de l’Histoire du romantisme, sous le titre «  Eugène Delacroix  ».

22 novembre. – Carlotta remercie Gautier de «  la délicatesse  » qu’il met dans leurs rapports : «  Cela me rassure et me donne du courage  », et annonce sa visite. Il semble que ce séjour ne se soit pas très bien passé, à cause d’Ernesta (lettre de Carlotta du 25 décembre, Corr. gén., tome IX, p. 371).

30 décembre. – La famille Gautier envoie ses cadeaux de nouvel an à Carlotta ; Gautier pour sa part lui envoie une lorgnette avec un poème d’amour : «  Elle vous montrera plus nette/ La perspective de Saint-Jean/ Lorsque vous reviendrez en France/ Pour voir Roland à l’opéra/ Ou bien cette jeune merveille/ Que l’on nomme Adelina Patti/ Chantant d’une voix qui s’éveille/ La Linda de Donizetti.  »

Décembre. - Publication chez E. Glaser de «  Les Bonaparte. Galerie Bonaparte  », avec un texte de Gautier qui sert de préface et qui sera repris dans Souvenirs de théâtre, d’art et de critique en 1883.

En 1864, Gautier a publié quarante-sept articles de critique dramatique, vingt de critique artistique, douze de voyage, quatre de variétés et six poèmes.

1865

1er janvier. – Publication dans L’Autographe du poème «  Les Rôdeurs de nuit  », qui entrera dans le tome II des Poésies complètes en 1876.

Entre le 9 et le 15 janvier. – Carlotta envoie à Gautier «  un cache-nez, une paire de chaussettes qu’elle a tricotés pour lui  » et des grançons (cigares de Suisse) ( Corr. gén., tome IX, p. 14).

Courant janvier. – La lettre de Carlotta de début janvier où elle le remercie de la lorgnette (Corr. gén. tome IX, p.13, 14) a beaucoup ému Gautier (Corr. gén., tome IX, p. 14-15).

30 janvier. – Gautier assiste au mariage de sa filleule Marie Vernon avec Adolphe Gaïffe ; en conséquence, Marie Vernon quitte l’Opéra.

Début février. – Gautier souffre d’une colique néphrétique ; il dit le 22 qu’elle n’a pas reparu.

18 février. – Annonce de la publication de Loin de Paris, chez Michel Lévy. Publication de L’Épicurien de Thomas Moore, traduit par H. Butat chez Dentu : «  M. Théophile Gautier a bien voulu l’enrichir en interprétant les vers du poète anglais.  » Les dessins étaient de Gustave Doré.

Fin février. – L. Martinet prononce la dissolution du comité de la Société nationale des Beaux-Arts ; Gautier refuse cette décision et convoque les membres du comité à une réunion chez lui le 4 mars (Corr. gén., tome IX, p.39). Il rédige leCatalogue de la vente d’Alexandre Dumas fils, qui paraîtra dans le M.U. du 20.

Mars. – Gautier est président de la section de peinture pour l’Exposition de 1865.

4 avril. - Invitation de la princesse Mathilde à venir le 7 avril assister à la lecture d’une pièce des Goncourt (Corr. gén., tome IX, p. 51). Il s’agissait d’Henriette Maréchal, lue par Lockroy (Goncourt, Journal, 7 avril).

30 avril. – Gautier félicite Sainte-Beuve de sa nomination comme sénateur : «  Cela n’ajoute rien à l’admiration que nous professons depuis longtemps pour le délicieux prosateur, le fin critique et le vrai et original poète dont nous savons les vers par cœur…  » (Corr. gén., tome IX, p. 62).

4 mai. - Les Goncourt dînent chez Gautier à Neuilly : «  Une drôle de table que celle où nous sommes assis chez Théophile Gautier  » : il y a Flaubert, Bouilhet, le Chinois Tin-Tun-Ling, un peintre exotique, un violoniste hongrois, la veuve du mapah, le sculpteur Ganneau, fondateur de l’évadisme.

6 mai. Début dans le M.U. des comptes rendus du Salon de 1865 ; ils se poursuivent les 28 mai, 3, 13, 18, 24 juin , 9, 16, 22 et 25 juillet.

9 mai. – E. des Essarts écrit à Gautier qu’il a oublié, en lui parlant du «  jeune Mallarmé et de son Hérodiade mystique et sanglante  », de lui signaler un poème en prose du même, «  dans L’Artiste du 1er février  », «  destiné à glorifier votre œuvre et à chanter vos louanges  » ; il s’agit du poème «  Symphonie littéraire  » qui avait paru, en effet, dans L’Artiste du 1er février.

27 mai. – La princesse Mathilde remercie Gautier des vers qu’il lui a envoyés (Corr. gén., tome IX, p. 75). Il s’agit de «  Profil perdu  », stances sur une aquarelle de la princesse. Ce poème a été repris dans les Poésies complètes en 1876. Il en parlera dans son dernier article sur le Salon du 25 juillet.

Mai. Il est fait mention pour la première fois de Gautier comme directeur de L’Entracte.

3 juin. Annonce de la publication de Quand on voyage chez Michel Lévy.

28 juin. – Publication dans le M.U. du soir du poème «  Le Banc de pierre, à Ernest Hébert  » ; l’analyse du tableau d’Hébert «  Le Banc de pierre  » dans le compte rendu du Salon du 18 juin aurait été fait par Judith et aurait inspiré le poème à son père. Le poème sera repris dans les Poésies complètes, tome II, en 1876.

23 juillet. - Gautier arrive à Genève chez Carlotta Grisi ; il y restera jusqu’au début de novembre, et en présence de l’inspiratrice et dans une intimité amoureuse et mystique où se mêlent douceur du présent et nostalgie des amours passées, il y écrit Spirite. Le projet était cependant antérieur au séjour (cf. lettre à Turgan du 23 juillet 1865, Corr. gén., tome IX, p. 88).

27 juillet. – Gautier assiste à la fête des vignerons à Vevey : il y avait été invité dans le courant du mois. Il se rappelle que trente-cinq ans avant, il débutait en littérature : «  fatal anniversaire  » dit-il à Ernesta le 28 (Corr. gén., tome IX, p. 90).

1er août. – Publication dans le M.U. de «  La Fête des vignerons à Vevey  », article qui sera repris en 1881 dans Les Vacances du lundi. Publication dans Le Journal des poètes du poème «  A Marguerite ; à madame Marguerite Dardenne de la Grangerie  », sonnet I ; ce poème sera repris dans le tome II des Poésies complètes en 1876.

15 août. – Publication dans le M.U. du poème «  A l’Impératrice  » que Dalloz lui avait demandé d’écrire à l’occasion du 15 août : «  …il a fallu tout quitter pour cette fantaisie  » écrit-il à Ernesta le 29 juillet (Corr. gén., tome IX, p. 92). Dalloz l’en remercie le 17 août, en lui annonçant la suppression de deux strophes, 22 et 23, sans doute à la demande de l’Impératrice : «  On veut bien aller à Saint-Lazare (visiter les prostituées), mais on ne veut pas le dire  » (Corr. gén.tome IX, p. 100). Cette pièce sera publiée complète dans le tome II des Poésies complètes en 1876. Gautier était inquiet de l’effet que produiraient ces vers (lettre à Ernesta du 6 ? août, Corr. gén., tome IX, pp. 98-99).

29 août. – Alors que le 16 août, il écrivait à Ernesta ses difficultés à «  finir  » Spirite, il lui écrit le 29 : «  Spirite est lancé et marche bien.  » (Corr. gén., tome IX, p. 105). : le charme de Saint-Jean a enfin agi, comme l’écrit Judith, qui a consacré dansLe second rang du collier plusieurs pages à ce séjour chez Carlotta, et elle insiste sur l’importance de la présence de Carlotta. Comme le révèle la correspondance, il travaille assidûment à son roman ; fin septembre, il en a déjà envoyé dix feuilletons.

10 septembre. – Annonce de la publication de la Belle Jenny chez Michel Lévy.

6 octobre. – Ses coliques néphrétiques, qu’une cure d’eau d’Evian avait temporairement fait cesser, le reprennent. Il a été en assez mauvaise santé pendant son séjour.

14 octobre. – Annonce de la publication de Constantinople chez Michel Lévy.

Octobre. - Une épidémie de choléra qui sévit à Paris, le retient à Genève jusqu’au début de novembre.

12 novembre. – Gautier est de retour à Paris.

17 novembre. – Début de la publication dans le M.U. de Spirite, nouvelle fantastique ; la publication se poursuivra les 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30 novembre, 1er, 2, 3, 5 et 6 décembre. La nouvelle paraîtra en volume en 1866.

18 novembre. – Annonce de la réimpression de Caprices et zigzags et de Militona chez Hachette.

22 novembre. – Traité avec Charpentier pour l’édition en volume de SpiriteCorr. gén., tome IX, p. 135).

27 novembre. – La veuve de Pétrus Borel, installée en Algérie, lui demande d’intervenir pour que son fils puisse obtenir une bourse au lycée d’Alger et lui rappelle l’époque, en 1842, où Gautier et Borel étaient voisins à Paris (Corr. gén., tome IX, pp. 136-137).

7 décembre. – Publication dans le M.U. du soir du «  Prologue en vers  » pour la pièce des Goncourt, Henriette Maréchal, prologue qui sera repris dans le Théâtre en 1872. La pièce a été créée à la Comédie-Française le 5.

11 décembre. – Gautier rend compte dans le M.U. d’Henriette Maréchal en louant surtout le talent de romanciers des Goncourt.

31 décembre. Lettre à Carlotta contenant des souhaits qu’il aurait aimé lui porter à Saint-Jean,  »mais je n’étais pas assez certain que cette visite vous fît plaisir pour risquer cette démarche.  » (Corr. gén., tome IX, p. 152).

En 1865, Gautier a publié trente-six articles de critique dramatique, quinze articles de critique artistique, deux de variétés et cinq poèmes.

1866

7 février. Le Libraire J. Claye tient à la disposition de Gautier «  l’exemplaire unique » (par sa dédicace) de Spirite(Corr. gén., tome IX, p. 174) ; il s’agit sans doute de l’exemplaire dont fait état Judith Gautier dans Le second rang du collier, p. 326.

10 février. – Gautier demande à Jules Taschereau la permission pour sa fille Judith d’emporter chez elle des manuscrits chinois sur lesquels elle travaille (Corr. gén., tome IX, p. 175.) Annonce de la publication de Spirite chez Charpentier.

26 février. – Gautier part pour Genève chez Carlotta Grisi.

Février-mars. – Gautier réprimande vivement Ernesta d’avoir reçu, alors qu’il était absent, Catulle Mendès «  qui se propose pour gendre  » et que Gautier refuse absolument ; il a chargé son ami Jules Turgan de se renseigner sur Mendès.(Corr. gén., tome IX, p. 184).

Début mars. – Gautier demande à Turgan de tenter encore de «  temporiser  » pour retarder le mariage de Judith ; il est furieux contre Ernesta et Judith, et déprimé à la fois : «  Ces créatures, écrit-il encore à Turgan, m’ont rendu la pensée de la mort agréable !  » (Corr. gén., tome IX, pp. 181-182).

3 mars. – Publication dans Le Parnasse contemporain du poème «  A L. Sextius  » ; il sera repris dans le tome II des Poésies complètes en 1876.

15 mars. – Gautier quitte Genève et est de retour à Paris ; il rompt avec Ernesta qu’il estime responsable de l’affaire Mendès.

16 mars. – Il ne retourne pas à Neuilly, mais s’installe dans un petit hôtel aux environs du M.U., 58 rue Jacob, où il attend le retour de Turgan ; il exprime sa colère contre Ernesta et sa famille ( lettre à Carlotta du 16 mars, Corr. gén., tome IX, p. 186).

24 mars. – Annonce de la réédition chez Charpentier de Mademoiselle de Maupin et des Premières poésies.

Fin mars. – Turgan «  a porté (son) ultimatum à Neuilly  », où l’on s’est alarmé de la rupture, «  mais il est trop tard  ». «  Il est dur de recommencer sa vie à l’époque de repos au sein de la famille. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour arriver à ce but et je n’ai pas réussi. À défaut de bonheur, ayons du moins la tranquillité et la liberté  » (à Carlotta, vers le 25 mars, Corr. gén., tome IX, pp. 191-192). Dans une lettre de cette fin mars, il rappelle à Carlotta son premier voyage à Saint-Jean après bien des années d’absence et de silence : «   J’ai revu celle qui a été l’unique amour, le seul désir, la vraie inspiration de ma vie et j’ai conçu l’espérance que peut-être me pardonnerait-elle la faute si durement et si longtemps expiée qui l’avait éloignée de moi. Cette espérance, vous le savez, cher ange, est la raison que je me donne pour vivre. Elle est ma lumière, ma force et mon soutien.  » ; une lettre qui jette une lumière bien confuse sur les causes de la longue rupture entre elle et lui ; quelle fut cette  » faute ?  » ( Corr. gén., tome IX, p. 196).

1er avril. – Publication dans La Revue du XIXéme siècle de la nouvelle Mademoiselle Dafné de Montbriand. Elle reparaît, allongée et modifiée, sous le titre Le Prince Lothario dans La Gazette de Paris les 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 avril 1872. Elle paraîtra en volume en 1881 chez Charpentier, sous le titre Mademoiselle Dafné, avec La Toison d’orArria Marcella, Le petit chien de la marquise.

11 avril. – Gautier retourne à Genève auprès de Carlotta. Il lui avait demandé l’hospitalité pour être absent le jour du mariage de Judith. Il y écrit «  La Fleur qui fait le printemps  », qui entrera dans Émaux et Camées.

17 avril. – Il n’assiste pas au mariage de Judith avec Catulle Mendès. Les témoins étaient Turgan et Flaubert pour Judith, Villiers de l’Isle-Adam et Leconte de Lisle pour Catulle Mendès ( À Carlotta, 21 ? avril, Corr. gén., tome IX, p. 211.

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18 avril. Il prend Estelle avec lui et la mène chez ses sœurs à Montrouge où il se trouve «  cloué par un rhumatisme au genou  » (Ibid.)

26 avril. – Annonce de la publication de Romans et contes chez Charpentier.

Avril. – Flaubert envoie à Gautier un scénario en vue d’une adaptation théâtrale de Salammbô.

1er mai. – Ernesta quitte Neuilly pour s’installer dans la maison que Gautier avait fait construire à Villiers-sur-Marne.

14 mai. – Gautier se réinstalle à Neuilly «  que nous avons trouvé bien poussiéreux, triste et dévasté, mais qui reprend déjà figure, grâce à l’activité de mes bonnes sœurs, » ( A Carlotta, 17 mai, Corr. gén., tome IX, p. 233). Il a mené Estelle voirGiselle et la nostalgie du passé s’empare de lui.

15 mai. – Début dans le M.U. des comptes rendus du Salon de 1866 ; ils se poursuivront les 19, 21 juin, 4, 17, 21, 24, 29 juillet, 3 et 10 août.

19 mai. – Dans L’Ill., article sur «  Barye  », qui sera repris incomplètement en 1874 à la suite de l’Histoire du romantisme. Barye a été «  un des plus courageux, des plus fermes et des plus patients lutteurs  » dans le combat de l’idée nouvelle (du romantisme) contre la routine.

26 mai. – Annonce du Capitaine Fracasse illustré par Gustave Doré chez Charpentier et de «  Le Palais pompéien de l’avenue Montaigne  » à la Librairie internationale.

Vers le 30 mai. – Carlotta est à Paris ; elle n’y reste que quelques jours.

1er juin. - Publication dans La Revue du XIXème siècle du poème «  La Nue  », qui entrera dans la cinquième édition d’Émaux et Camées, cette même année.

Vers le 7 juin. – Carlotta rentre à Genève.

19 juin. – Article nécrologique sur Méry, «  un ami de trente ans  », article repris en 1874, les Portraits contemporains.

16 juillet. – Publication dans la Gazette des étrangers du sonnet «  À Claudius Popelin  » ; le peintre émailleur venait d’écrire son ouvrage L’Émail des peintres auquel le sonnet devait servir de liminaire. Ce sonnet est entré en 1876 dans le tome II desPoésies complètes.

21 juillet. – Annonce des Poésies nouvelles chez Charpentier.

1er août. – Publication dans La Revue du XIXème siècle du poème «  La Fleur qui fait le printemps  », qui entrera dans la sixième édition d’Émaux et Camées.

Juillet-août ? – Gautier écrit à Turgan : «  Je m’arrange silencieusement dans mon nid fermé à tout le monde pour y vivre jusqu’à ce que je crève, le plus commodément possible.  » (Corr. gén., tome IX, p. 270).

1er septembre. – Dans L’Ill. article sur «  L’École des Beaux-Arts : Envois de Rome  », qui sera repris en 1880 dans Tableaux à la plume.

17 septembre. – Article nécrologique sur «  Léon Gozlan  » ; article repris dans les Portraits contemporains en 1874.

17 septembre. – Gautier est à Genève chez Carlotta Grisi.

24 septembre. – Dans le M.U. article sur «  Une Visite dans la montagne  », qui reparaîtra en 1881 dans Les Vacances du lundi.  Gautier a fait une excursion à la Contamine au cours de laquelle le lieutenant F. Fr. Muffat lui demande d’intervenir pour lui faire obtenir un débit de tabac ( cf. lettre à Estelle , Corr. gén., tome IX, p. 285).

Gautier est invité par S. de Sacy à une réunion des membres de la «  commission relative à l’exposition littéraire  ». Il s’agit duRapport sur la littérature. Il est chargé du « Rapport sur la poésie » par le ministre de l’Instruction publique ( lettre du 19 mars 1867, Corr. gén., tome IX, p. 361), qui le lui réclame au plus vite. Il se plaint de ne plus faire d’article que sur les morts : «  Je deviens un littérateur de pompes funèbres.  »

1er octobre. – Publication dans La Revue du XIXème siècle de la poésie «  Le Merle  », qui entrera dans la sixième édition d’Émaux et Camées en 1872.

2 octobre. – Gautier est de retour à Paris.

4 octobre. – Il est invité à dîner le dimanche suivant par la princesse Mathilde à Saint-Gratien (Corr. gén., tome IX, p. 292).

31 octobre. – Gautier part pour Genève chez Carlotta Grisi avec Estelle.

3 novembre. – Annonce de la publication du Voyage en Russie chez Charpentier. Gautier en envoie des exemplaires à Roqueplan, Girardin, Paul de Saint-Victor à qui il demande un article ( Corr. gén., tome IX, p. 302) ;

20 novembre. – Mort de son ami Louis de Cormenin. Il n’en parlera qu’en 1868, à l’occasion de la publication de sesReliquiae. Il en fait part douloureusement à Carlotta le 22 : «  J’avais toujours conservé pour lui beaucoup d’affection  » (Corr. gén., tome IX, p. 310).

15 novembre. – Gautier rentre à Paris.

26 novembre. – Une partie de l’article du M.U. est consacrée à Gavarni, qui vient de mourir. Ce texte sera repris en 1874 dans les Portraits contemporains.

14 décembre. – Gautier demande à Maxime Du Camp de faire paraître une réclame pour l’édition illustrée du Capitaine Fracasse qui vient d’être mise en vente fin novembre ; il lui dit en même temps son admiration pour son roman Les Forces perdues qui vient de paraître ; Du Camp fait la réclame dans le Journal des Débats. Comme pour le Voyage en Russie, il envoie des exemplaires du Fracasse en demandant des lignes en sa faveur à Yriarte pour Le Monde illustré, à Marcellin pourLa Vie parisienne, à Xavier Eyma pour La Liberté etc…. (Corr. gén., tome IX, pp. 314-319).

20 décembre. – Gautier part à Genève chez Carlotta.

24 décembre. – Publication dans le M.U. du soir du Sonnet adressé à Ingres pour le remercier de l’envoi d’un fragment, en réduction, de «  L’Apothéose d’Homère  ». Ce sonnet entrera dans le tome II des Poésies complètes en 1876.

En 1866, Gautier a publié cinquante et un articles de critique dramatique, dix-huit de critique artistique, deux de critique littéraire, quatre de voyages et huit poèmes.

1867

1er janvier. – Gautier rentre à Paris.

2 janvier. – Villiers de l’Isle-Adam renonce à prétendre à la main d’Estelle, sa famille lui refusant son consentement et l’argent nécessaire (lettre à Gautier du 3 janvier, Corr. gén., tome IX, pp. 330-331).

14 janvier. – Article nécrologique sur «  Mademoiselle Georges  » : «  Le drame lui doit autant que la tragédie.  » ; réflexions mélancoliques sur tous ceux qui disparaissent, sur la nécessité de se faire à d’autres visages et sur sa propre solitude. L’article a été repris en 1874 avec l’Histoire du romantisme.

19 janvier. – Article sur «  Ernest Hébert  » dans L’Ill. : il le loue d’avoir su voir la nature directement et non à travers les chefs d’œuvre anciens ; en partie repris dans les Portraits contemporains en 1874.

21 janvier. – Invitation à dîner de la princesse Mathilde (Corr. gén., tome IX, p. 337).

23 janvier. – Dans le M.U. , article nécrologique sur «  Ingres  » : «  Ingres était, sans le savoir peut-être, le romantique de la ligne, comme Delacroix était le romantique de la couleur.  »

28 janvier. – Compte rendu, dans le M.U., de l’ouvrage de Paul de Saint-Victor Hommes et Dieux : il a donné à l’histoire «  ce qui lui a presque toujours manqué jusqu’à présent : la forme de l’art et la splendeur du vrai.  »

13 février. – Deux quatrains adressés au comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts, l’un en faveur d’A. de Chatillon, l’autre en remerciement.

27 février. – Il est invité à la réunion du comité pour le monument de Méry (Corr. gén., tome IX, p. 350).

1er mars. – Publication dans La Revue du XIXème siècle de deux sonnets «  La Rose et l’Hirondelle  » qui reparaîtront dans le tome II des Poésies complètes en 1876.

2 mars. Gautier a une angine qui le gêne pour écrire son Rapport sur la poésie.

9 mars. – Dans L’Ill. «  Sommités littéraires : M. Théophile Gautier  » étude biographique reprise en 1874 dans les Portraits contemporains.

11 mars. Dans le M.U., article nécrologique sur «  Louis Boulanger  », «  un des vaillants soldats de l’armée romantique  », «  un esprit artiste et un esprit littéraire  ». Cet article sera repris à la suite de l’Histoire du romantisme, en 1874.

Mars.- E. de Essarts demande à Gautier la faveur de figurer dans son rapport sur la poésie parmi les poètes «  nouveaux venus  » (Corr. gén., tome IX, p. 364), ce que fera Gautier.

1er avril. – Dans L’Artiste «  La grande galerie du Louvre  », qui fera partie de son Guide de l’Amateur au Musée du Louvre, en 1882.

24 avril. – Gautier pose sa candidature à l’Académie Française sur le fauteuil de Barante.

25 avril. – Dans le M.U., début des comptes rendus sur l’Exposition universelle de 1867 : article sur «  Autour de l’exposition universelle : l’Orient  », article qui sera repris, mais réparti sur deux chapitres, dans le tome II de L’Orienten 1877.

2 mai. – Gautier n’est pas élu à l’Académie Française, qui lui a préféré le Père Gratry ; il a obtenu douze voix.

4 mai. – Publication dans La Liberté du poème «  L’Odalisque à Paris  », écrit à l’occasion d’une matinée de tableaux vivants chez la comtesse de Castellane.

19 mai. – Dans le M.U., article sur «  Autour de l’Exposition (II) : la Chine  ». Il sera repris dans le tome I de L’Orienten 1877.

24 mai. – Gautier «  qui est en ce moment maestro di casa  » présente les Goncourt à la Païva. (Journal).

3 juin. – Dans le M.U. «  Salon de 1867 : MM. Gustave Doré, Puvis de Chavannes  ». Gautier s’étonne que les peintres prennent rarement des sujets modernes alors qu’il paraît simple de s’inspirer de ce qui entoure ; il loue pour cette modernité un tableau de Doré «  Le Tapis vert  ».

7 juin. – Dans le M.U. « Autour de l’Exposition (IV) : l’Égypte  » ; article qui entrera en 1877 dans le tome II de L’Orient.

8 juin. – Publication pour le Paris-Guide de  » Le Musée du Louvre « . Il sera publié en 1882 sous le titre Guide de l’amateur au Musée du Louvre.

11 juin. – Il est invité à dîner le lendemain chez la princesse Mathilde (Corr. gén., tome IX, p.402).

Début juin. – Gautier fait une excursion sur la Meuse, sur le chaland «  La Beauté  », «  Voyage d’exploration sur la Meuse  », dans Les Vacances du lundi.

27 mai. – Gautier assiste à l’Exposition, dans le pavillon d’Égypte, avec les Goncourt, au démaillotage d’une momie : cf.Journal dans Goncourt, et Gautier L’Orient. Le soir, il se promène avec les Goncourt dans l’exposition.

25 juin. – Article dans le M.U. sur la reprise d’Hernani : il rappelle les luttes d’autrefois avec émotion. Bergerat rapporte comment, pour faire passer l’article dans le M.U. Gautier dut donner au ministre de l’Intérieur le choix entre la publication ou sa démission. L’article a reparu à la suite de l’Histoire du romantisme en 1874.

7 juillet. – Dans La Gazette des Enfants, sonnet «  À Madame Marguerite Dardenne de la Grangerie  » ; il a été repris dans le tome I des Poésies complètes.

11 juillet. – Il s’invite à dîner pour le lendemain chez Régina Lhomme (Corr. gén., tome IX, p. 415).

20 juillet. – Gautier écrit à A. Arago qu’il hésite à répondre à une invitation de la princesse Mathilde, car il craint qu’elle y voie une «  pensée d’intérêt  », la mort de Ponsard rendant libre le poste de bibliothécaire particulier ; il lui demande de se charger lui-même de cette délicate affaire. (Corr. gén., tome IX, pp. 415-416).

29 juillet. – La fin de l’article du M.U. «  Les Aïsssaouas  » reparaîtra dans le tome II de L’Orient.

5 août. – Article dans le M.U. sur le nouvel Opéra construit par Charles Garnier.

12 août. – Une partie de l’article du M.U. «  Les Japonais de Taïcoun  » a été reprise dans le tome I de L’Orient.

17 août. – La princesse Mathilde l’invite pour une semaine «  au moins  » à Saint-Gratien (Corr. gén., tome IX, p. 432) ; il y restera jusqu’au 24.

21 août. – Il est convoqué à la réunion du jury de sculpture.

24 août. – Dans le M.U., article «  La Perse  », qui sera repris dans le tome II de L’Orient.

26 août. – Gautier part pour Genève, chez Carlotta Grisi ; il y a emporté son «  sacré rapport sur la poésie, que le diable emporte tous les poètes «   (lettre à sa sœur du 28, Corr. gén. tome IX, p. 439).

9 septembre. – Article nécrologique sur «  Baudelaire  », repris dans les Portraits contemporains en 1874.

17 septembre. – Gautier est de retour à Paris : lettre à Estelle du 12 et à Carlotta du 17 (Corr. gén., tome IX, pp. 448 et 449).

28 septembre. – Victor Duruy, le ministre de l’Instruction publique, lui dit avoir lu avec plaisir ce qu’on lui a communiqué de son rapport sur la poésie : «  Des jugements très justes, enchâssés dans des pages très spirituelles  » (Corr. gén., tome IX, p. 452). On en attend la dernière partie.

7 octobre. – Dans le M.U., à propos de la reprise d’Antony, Gautier évoque la première ; ce texte sera publié en 1874 à la suite de l’Histoire du romantisme.

Vers le 15 octobre. – Gautier fait une excursion au pays de Rabelais.

16 octobre. – La princesse Mathilde l’invite à venir passer le dimanche auprès d’elle ; Gautier accepte. (lettre du 18, Corr. gén., tome IX, p.p. 464 et 465).

8 novembre. – Gautier pense à une série d’études sur «  Les Excentriques de la peinture  » ; Michel Lévy lui demande de commencer par un moderne comme Courbet. Ces études ne furent jamais écrites. (Corr. gén., tome IX, p.478).

Début novembre. – Gautier est à nouveau à Genève auprès de Carlotta Grisi ; il vient d’y apprendre la nomination de son fils comme sous-préfet à Ambert : «  Un fils sous-préfet ! c’est assez majestueux et je lui devrai le respect « (lettre à Estelle, Corr. gén., tome IX, p. 479).

6 novembre. – Toto est nommé sous-préfet à Ambert ; le 11 novembre, il écrit à son père pour lui donner son itinéraire. Le voyage se déroulera ainsi : Gautier quitte Genève le 14, retrouve Toto à Lyon; ils quittent Lyon le 15 pour Clermont-Ferrand où il est logé chez le préfet.

16 novembre. – Gautier fait «  une magnifique promenade à Royat et dans les montagnes. C’est très beau et d’un caractère tout autre que la Suisse…  » (Corr. gén., tome IX, p. 484.

17 novembre. – Gautier voit «  de belles églises romanes  » et la vieille ville de Ferrand (Ibid.)

20 novembre. – Gautier est à Ambert : il décrit longuement à Estelle et à ses tantes la sous-préfecture (Corr. gén., tome IX, p. pp. 485-486).

21 novembre. – Gautier quitte Ambert avec son fils pour un château résidence du préfet, qui les y reçoit. Ils en repartiront le 22.

23 novembre. – Gautier et Toto sont de retour à Paris. Dans L’Univers illustré «  Portraits littéraires : Gérard de Nerval  », étude qui se poursuivra les 30 novembre, 7 et 14 décembre. Elle sera reprise dans les Portraits et souvenirs littéraires en 1875. Une étude pleine de souvenirs, qui sera placée en tête des Œuvres littéraires en 1868.

Fin novembre. – Gautier donne son accord à la princesse Mathilde sur sa proposition de poste à Mendès : «  … Je n’ai aucune mauvaise volonté contre ce jeune ménage qui s’est formé en dépit de mon sentiment particulier… «   (Corr. gén., tome IX, p.490).

2 décembre. - Dans le M.U., éloge de Monpou, repris dans l’article «  Monpou  » de l’Histoire du romantisme.

8 décembre. – Dans le M.U., article sur «  Les quatrains de Kéyam, traduits du persan par M.J.B. Nicolas  » ; il sera repris dans le tome II de L’Orient.

23 décembre. – Gautier part à nouveau pour Genève auprès de Carlotta Grisi avec Estelle et y fête Noël. Il envoie de Genève son feuilleton sur Théodore Rousseau, mort le 22 décembre. (lettre à ses sœurs , 24 ? et 25 ? décembre, Corr. gén., tome IX, pp. 504-506).

26 décembre. – Gautier retarde son départ de Genève, étant invité à un bal à Saint-Jean.

En 1867, Gautier a publié trente-cinq articles de critique dramatique, douze de critique artistique, quatre de critique littéraire et quatre poèmes.

1868

2 janvier. – Gautier est invité à dîner le 5 chez la princesse Mathilde (Corr. gén., tome X, p. 10).

4 janvier. Dans le M.U., article nécrologique sur  » Théodore Rousseau  », repris dans l’Histoire du romantisme.

8 janvier. – Bal aux Tuileries où Gautier est invité à venir «  en uniforme  ».

13 janvier. – Gautier demande à Asselineau de venir le voir à Neuilly pour lui demander des renseignements sur la vie de Baudelaire dont il est en train d’écrire la notice biographique (Corr. gén., tome X, p.22).

14 janvier. – Invitation à Régina Lhomme à venir le voir «  toute seule jeudi  » (Corr. gén., Tome X, p.23).

18 janvier. – Publication dans L’Univers illustré du poème «  Théophile Gautier à Charles Garnier  », poème monorime en «  -on  » qui sera repris en 1876 dans le tome II des Poésies complètes avec le sous-titre : «  Réponse à une invitation à dîner  » ; Garnier avait répondu à cette «  réponse  » par le même procédé, en une longue épître monorime en «  -ier  ». (Corr. gén., tome IX pp. 467-468 et 472-477).

Janvier. – Gautier est plein de mélancolie et se livre à son «  travail solitaire  » à Neuilly avec sa chatte Éponine comme compagne. Mais il est aussi plein de la pensée de Carlotta (Corr. gén., tome X, pp. 20-21). Peut-être est-ce la raison pour laquelle il ne se décide pas plus qu’en 1866 à vivre avec Eugénie Fort : «  Peut-être devrais-je faire quelque tentative pour lier davantage mon existence à celle de T.G., mais je ne peux pourtant pas m’exposer à un refus ? et tant de fois, lundi encore, il se plaint de sa vie telle qu’elle est. Il sait qu’il serait heureux si j’étais dans sa maison, s’il m’avait toujours près de lui  » ( Eugénie Fort, Journal, 28 janvier).

1er février. Publication des Ardennes illustrées, tome I, contenant le récit de Gautier «  Voyage en bateau sur la Meuse  » ; ce texte reparaîtra dans les Vacances du lundi en 1881.

24 février. – Dans le M.U., «  Nécrologie : Dauzats, Gabriel Tyr  », deux notices qui seront reprises dans les Portraits contemporains.

4 mars. – Gautier et invité à passer la soirée des dimanches de mars et d’avril chez la princesse Mathilde (Corr. gén., tome X, p.63).

7 mars. – Dans L’Univers illustré, publication de «  Portraits littéraires : Charles Baudelaire  », qui se poursuivra les 14, 21, 28 mars, 4, 11, 18 avril ; ce texte est publié en introduction aux Fleurs du mal, dans le premier volume des Œuvres complètes de Baudelaire parues cette même année 1868. Il sera repris dans les Portraits littéraires en 1875. Le 10 mars, Mme Aupick ; la mère de Baudelaire le remercie avec émotion (Corr. gén., tome X, p.69).

22 mars. – Publication dans Paris-Magazine de la poésie «  La bonne soirée  », qui sera reprise dans la sixième édition d’Émaux et Camées.

27 mars. – Gautier traite avec L’Univers illustré pour une étude sur Sainte-Beuve destinée à entrer dans la série «  Portraits littéraires  », elle ne sera jamais écrite.(Corr. gén., tome X, p.92).

Début avril. – Gautier est malade : «  Un fort rhume, grippe, bronchite etc… qui a semblé un instant tourner à la pleurésie  », il va mieux le 9, et le fait savoir à Napoléon III, qui avait fait demander de ses nouvelles. Il recevra un certain nombre de remerciements des auteurs cités dans son Rapport : Hugo, Catulle Mendès, E. de Essarts, A.M. Banchecotte, Mistral, Th. de Banville.

5 avril. – Il est convoqué pour siéger au jury de l’examen des œuvres présentées au concours de l’Opéra (Corr. gén., tome X, p. 101).

8 avril. – Annonce de la publication du Rapport sur le progrès des lettres depuis vingt-cinq ans, contenant le «  Rapport sur les progrès de la poésie  » par Gautier. Il sera réimprimé en 1874, à la suite de l’Histoire du romantisme. Toto à qui son père avait envoyé son texte auparavant, lui avait écrit : «  … Je te dirais que c’est à mon avis un des meilleurs morceaux de critique – sinon le meilleur- que j’ai lu..  » (lettre du 8 février, Corr. gén., tome X, p.39).

20 avril. – Gautier invite Eugénie Fort à venir dîner à Neuilly «  mardi  » ; celle-ci notera dans son Carnet, le 22 : «  Voilà une habitude prise : tous les mardis à Neuilly  ». Gautier est toujours fatigué : ce qu’on croyait être «  une plénitude des voies respiratoires  » était en fait une crise cardiaque, et un début d’œdème pulmonaire. Eugénie Fort note le 22 : «  Il ne peut dormir couché ; il fait le feuilleton et rien d’autre.  »

2-3 mai. – Début des comptes rendus du Salon de 1868. Gautier était alors président du jury ; ils se poursuivront les 9, 11, 17, 25, 26 mai, 1er, 2, 4, 27 juin, 2, 8 et 19 juillet.

7 mai. – Nouvel échec à l’Académie ; il obtient neuf voix, conte vingt-trois à Autran.

8 et 11-14 mai. – Deux «  Catalogues  » pour la vente des collections du comte d’Espagnac et de J. Jollivet, tous deux imprimés dans les Souvenirs de théâtre, d’art et dcritique.

Mi-mai. – Gautier est à Genève chez Carlotta, avec sa fille Estelle et sa sœur Lili. Les médecins de Genève lui ordonnent de prendre de l’huile de foie de morue.

26 mai. – De Genève, il souhaite sa fête à la princesse Mathilde et lui envoie un sonnet «  Le Pied d’Atalante  », qui sera repris dans les Poésies complètes (Corr. gén., tome X, p.148).

30 mai. – Il part en excursion au Mont-Blanc avec Carlotta, Estelle et Lili, et espère en tirer profit (lettre à Dalloz, 23 mai,Corr. gén., tome X, pp. 147, 148). Le 1er juin, excursion au glacier des Bossons, le 2 au Montanvert et à la Mer de Glace ; retour à Genève le 5.

9 juin. – Du Camp envoie à Gautier les deux volumes des Reliquiae de Louis de Cormenin ; Gautier en parlera et évoquera son ami dans le M.U. du 22, article qui sera repris dans les Portraits contemporains en 1874.

15 juin. – Retour à Paris.

Juillet. - Le M.U. est en difficulté, le gouvernement jugeant Dalloz, son directeur, trop indépendant ; Gautier est inquiet, pris entre son amitié pour Dalloz et ses liens avec le pouvoir par l’intermédiaire de la princesse Mathilde.

6 juillet. – Dans le M.U., article nécrologique «  Camille Flers  », qui sera repris à la suite de l’Histoire du romantisme.

23 juillet. – Gautier est à Saint-Gratien chez la princesse Mathilde en même temps que les Goncourt.( cf. 28 juillet). Gautier passe une semaine à Saint-Gratien.

Début août. – Gautier est à nouveau à Genève avec Estelle, et, après avoir traversé le Léman par le bateau, il rejoint Carlotta à Bex où il se repose quelques jours ; on attend à Zermatt le beau temps pour monter au Riffelberg afin de voir le soleil se coucher et se lever sur le Cervin ; ils passent au glacier du Rhône, traversent le lac des Quatre-Cantons et sont à Lucerne le 8 août ; retour à Genève le 10 août, où Gautier commence à écrire ses impressions de voyage (lettre à ses sœurs du 10, Corr. gén., tome X, pp. 178-179) ; il écrit à Dalloz le même jour qu’il a trouvé le titre de ses feuilletons : «  Vacances du lundi, tableaux de montagnes  », qu’ils doivent se suivre «  comme un roman  » en deux séries : « le Mont Blanc » et « le Cervin », et qu’il lui enverra le premier le lendemain (Corr. gén., tome X, p.180). Ces feuilletons avaient été annoncés dans le M.U. dès le 24 juillet.

29 août. – Gautier quitte Genève pour Ambert afin de voir son fils.

31 août. Début de la publication dans le M.U. des Vacances du lundi, tableaux de montagnes ; elle se poursuivra les 1er , 2, 3, 7-8, 23 septembre, 6, 16, 28 octobre et 14 novembre. L’ensemble sera édité en volume en 1881.

24 septembre. – Sainte-Beuve est enthousiasmé par les Vacances du lundi, et en particulier par la description du Léman.

Fin septembre. - Gautier continue à être dans la perplexité : doit-il suivre Dalloz au nouveau Moniteur, ou rester dans l’ancien qui va devenir Le Journal officiel (lettre à Carlotta, Corr. gén., tome X, pp. 203-204). Il optera pour la seconde solution et il retrouvera sa chronique des théâtres dans le nouveau J.O.

24 octobre. – Gautier est nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde, aux appointements de six mille francs par an. Il l’avait appris de la bouche de » Sainte-Beuve le 21 (lettre de Sainte-Beuve à la princesse du 23). Le 2 novembre il demande aux Goncourt si la princesse a vraiment une bibliothèque.

6 novembre. – Gautier est à nouveau à Saint-Jean près de Carlotta.

16 novembre. – Il est de retour à Paris, nostalgique.

2 décembre. – Les Goncourt ont de «  tristes pressentiments  » au sujet de Gautier ; ils le voient chez la princesse Mathilde et ils notent son désir obsédant de l’Académie. Le 21, à un dîner chez Sainte-Beuve, ils essaieront de lui gagner la voix de Pongerville.

4 décembre. – Publication dans La Vogue parisienne du sonnet «  La Fumée  », qui sera repris dans le tome II des Poésies complètes.

17 et 21 décembre. – Deux ventes dont Gautier préface le «  Catalogue  » : vente des tableaux de la collection du comte de *** et vente de trente-quatre aquarelles de Ziem ; ces préfaces seront réimprimées dans Souvenirs de théâtre, d’art et de critique.

19 décembre. Convention entre Gautier et Charpentier au sujet de réimpressions du Capitaine Fracasse (Corr. gén., tome X, pp. 240-241).

24 décembre. – Théophile Gautier fils est nommé chef de bureau au Ministère de l’Intérieur ; les Goncourt en disent leur écœurement (Journal).

27 décembre. – Gautier s’invite à dîner chez Régina Lhomme (Corr. gén., tome X, p. 248).

En 1868, Gautier a publié trente-neuf articles de critique dramatique, dix-huit de critique artistique, sept de voyages, un de critique littéraire et trois poèmes.

1869

4 janvier. – Gautier commence sa critique théâtrale au Journal officiel.

8 janvier. – Dans La Vogue parisienne, premier article de « Histoire de mes bêtes », l’ensemble sera publié en volume sous le titre Ménagerie intime.

12 janvier. – Carlotta vient à Neuilly, dans une maison qui a fait sa toilette pour la recevoir ; elle y restera jusqu’au 2 avril.

Janvier. – Dans Le Magasin pittoresque, article sur «  Adrien Guignet  », qui sera repris dans les Tableaux à la plume, et complété dans ce recueil par un second article publié dans Le Magasin pittoresque en juin, «  Une Vedette par Adrien Guignet  ».

Février. – Une lectrice lui envoie «  comme un hommage rendu aux délicieux articles  » publiés sur les chats la traduction d’un article allemand portant sur le même sujet (Corr. gén., tome X, p.276)

9 mars. – Les Goncourt sont invités chez Gautier le 11.

16 mars. – Dans le J.O., article nécrologique sur «  Hector Berlioz  », repris dans l’Histoire du romantisme : «   Personne n’eut à l’art un dévouement plus absolu et ne lui sacrifia plus complètement sa vie.  » «  Dans cette renaissance de 1830, il représente l’idée musicale romantique  ».

30 mars. – Gautier se porte candidat à l’Académie sur un des fauteuils vacants et se soumet au rituel des visites : Guizot, Thiers, O. Feuillet, etc…

27 avril. – À Carlotta : il fait encore quelques visites académiques et doit préparer une soirée chez la princesse Mathilde à laquelle l’Empereur doit assister et où «  on lira une ode de Victor Hugo et quelques vers de moi qui ne sont pas encore faits. » Il espère partir pour Genève le 8 ou le 9 (Corr. gén., tome X, p.313).

28 avril. – La princesse Mathilde demande à Gautier d’improviser une pièce de vers sur un morceau de prose qu’avait fait Napoléon III lorsqu’il était prisonnier au fort de Ham et qui avait pour sujet le retour des cendres de son oncle : «  Dans la journée, au pas de course de sa muse, le poète a enlevé quatre-vingt-dix vers…  » écrivent les Goncourt. Gautier raconte cette histoire à Carlotta dans une lettre du 4 mai (Corr. gén., tome X, pp. 320-322).

29 avril. – À l’Académie A. Barbier est élu après quatre tours de scrutin, Gautier ayant obtenu onze, treize et deux fois quatorze voix. Le soir, chez la princesse Mathilde, la comédienne Mlle Agar récite devant l’Empereur les vers de Gautier. Ces vers seront repris dans le tome I des Poésies complètes

1er mai. Carlotta lui conseille de renoncer à l’Académie (Corr. gén., tome X, pp. 318-319).

8 mai. – Début dans L’Ill. des comptes rendus du Salon de 1869 ; ils se poursuivront les 15, 22, 29 mai, 5, 12 et 19 juin dansL’Ill., et les 11, 19, 24 mai, 6, 13, 16, 18, 19, 20, 23, 24, 25, 26, 27 et 28 juin dans le J.O.. Les comptes rendus publiés dansL’Ill. ont été réimprimés dans les Tableaux à la plume.

17 mai. – Gautier part pour Genève chez Carlotta.

27 mai. – Il est de retour à Paris. Il offre à la princesse Mathilde un des quatre exemplaires de Un Douzain de sonnets, qui lui sont dédiés; il est orné d’un portrait sur émail fait par Crosnier, un émailleur genevois auquel il écrit le 28 que son œuvre a eu le plus grand succès (Corr. gén. tome X, p. 334). Ces sonnets seront repris dans le tome II des Poésies complètes et desPièces diverses, dont trois inspirées par des aquarelles de la princesse.

Durant ce mois de mai, sa santé n’est pas toujours bonne: il tousse encore un peu et a un rhumatisme articulaire au genou.

9 ou 10 juin. – Gautier fait part à Carlotta de son emploi du temps à venir: il pense la rejoindre à Genève vers la fin de juillet avec Estelle et  » nous combinerons votre voyage en Italie. Zoé et peut-être Lili viendront nous retrouver à notre retour  » (Corr. gén., tome X, p.345).

21 juin. – La date du voyage est reculée, ce qu’il approuve en précisant qu’il viendra avec Estelle, mais non avec ses sœurs, car il tient à la plus grande intimité possible (à Carlotta, le 31 juillet, Corr. gén., tome X, p. 349).

26 juillet. – Dans le J.O., article nécrologique sur  » Louis Bouilhet « , en partie repris dans les Portraits contemporains. Il écrivait à Carlotta qu’il l’aimait  » beaucoup pour son caractère et son talent « . Il est rempli de mélancolie (Corr. gén., tome X, pp. 368-369).

Mi-juillet. – Gautier passe quelques jours à Saint-Gratien chez la princesse Mathilde, de laquelle il espère obtenir une place. Il travaille à La Nature chez elle. Il est de retour à Neuilly le 20.

14 août. – Gautier est invité par le Khédive d’Égypte à assister à l’inauguration du canal de Suez, qui doit avoir lieu le 17 novembre.

20 août. – Napoléon III le remercie des vers qu’il avait écrits à partir de « (sa) mauvaise prose  » et lui envoie deux vases de Sèvres  » magnifiques, d’un mètre de haut « , dit Gautier au directeur du J.O. (Corr. gén., tome X, p. 379). Il remercie l’empereur à son retour d’Italie début octobre (Corr. gén., tome X, p. 395).

1er septembre . – Il part pour Genève avec Estelle. Départ de Genève pour l’Italie, Gautier est accompagné d’Estelle et Carlotta de sa fille Ernestine. Pendant les quelques jours passés à Genève, il a continué à écrire La Nature chez elle,qui paraîtra à la fin de l’année.

Il est à Milan ce même jour, puis à Crema, petite ville des environs de Milan  » dans une tribu de Grisi, cousines germaines d’Estelle  » ( lettre à la princesse Mathilde du début septembre, Corr. gén., tome X, p. 383).

10 septembre. – Les voyageurs arrivent à Venise et passent leur temps en visites (à Zoé, lettre du 11 septembre, Corr. gén., tome X, pp. 387-388).

14 septembre. – Ils quittent Venise pour Parme voir les Corrège en passant par Bologne. Il continue à travailler à La Nature chez elle (lettre à Lili du 12, Corr. gén., tome X, p. 388).

20 septembre. – Gautier et ses compagnes sont de retour à Genève, via Gênes et le Mont Cenis. Pendant de voyage, les journaux se sont faits l’écho d’un mariage entre Gautier et Carlotta, au grand désespoir de celle-ci (Corr. gén., tome X, pp. 407-408, lettre de Carlotta, tome X, p. 426; lettre du 7 novembre de Carlotta, p. 430; du 8 de Gautier). De Genève, Gautier écrit à la princesse Mathilde que l’invitation en Égypte ne le réjouit pas (Corr. gén., tome X, pp. 392-393).

1er octobre. – Gautier est de retour à Paris.

7 octobre. – Gautier quitte Paris pour Marseille. Il a demandé à Carlotta de lui envoyer une lettre à Marseille  » comme un baiser d’adieu et comme un talisman de bonheur pour (son) voyage  » (lettre du 4 ou 5, Corr. gén., tome X, pp. 396-397). Elle lui répond le 7 (Corr. gén., tome X, p.398).

8 octobre. – Il est à Marseille et, semble-t-il, heureux de partir. Malheureusment, le soir même, après le dîner, un coup de roulis le fait glisser dans l’escalier et il s’ensuit une luxation de l’épaule gauche et une fêlure de l’humérus. Broca, qui était à bord, le soigne, il attribue son accident au mauvais sort: il est parti un vendredi, il a reçu dans le train un regard de jettatore, et un autre d’un pénitent blanc croisé à Marseille. Il poursuit son voyage, très entouré par ses deux compagnons, Florian-Pharaon, rédacteur en chef de La France et Auguste Marc, directeur de L’Illustration.

15 octobre. – Le Moeris touche Alexandrie.

16 octobre. – Il est au Caire, où il descend à l’hôtel Sheppeard, place de l’Esbèkieh, cette place peinte par Marilhat, qui l’avait tant fait rêver.

17 octobre. La Princesse Mathilde apprend à Gautier la mort de Sainte-Beuve (Corr. gén., tome X, p. 409).

17 ou 18 octobre. Il visite le Caire et monte à la Citadelle, du haut de laquelle il a aperçu les Pyramides, auxquelles l’inondation du Nil ne permet pas d’aller (A Carlotta, le 18, Corr. gén., tome X, pp. 411-412).

21 octobre. – Il visite le port du Caire sur le Nil. Ce même jour, ses compagnons partent pour la Haute-Egypte et il renonce à les suivre.

23 octobre. – Il assiste à une fête chez la mère du vice-roi: l’Impératrice Eugénie s’y trouve, et lui a parlé  » très gracieusement « ; elle le présente au vice-roi (lettre à ses sœurs du 24 Corr. gén., tome X, pp. 417-418).

28 octobre. – Par suite d’un changement de personnes au ministère de l’Intérieur, Toto craint pour sa place et tente d’obtenir une sous-préfecture. Il ne sait pas s’il pourra rejoindre son père au Caire.

22 octobre. – Il écrit à Carlotta qu’il cherche un scarabée à lui envoyer pour sa fête; il lui annonce l’envoi le 25. (Corr. gén., tome X, pp. 415 et 419).

24 octobre. – Gautier assiste à une danse d’almées chez le ministre des finances. Il y apprend la mort de Sainte-Beuve (Corr. gén. tome X, pp. 418-420).

2 ? novembre. – Gautier raconte à la princesse Mathilde qu’il a reçu la visite du comte Primoli, un habitué de Saint-Gratien comme lui; avec lui et ses autres compagnons, il visite « l’Arbre de la Vierge  » et les ruines d’Héliopolis, « remarquables par leur absence complète ». Un âne le mène voir une danse d’almées et il assiste à une représentation de Giselle à l’Opéra du Caire.  » À quels lointains souvenirs cela se rapporte  » (à ses sœurs et à sa fille, 8 novembre, Corr. gén., tome X, pp. 429-430).

7 novembre. – Son secrétaire Adolphe Bazin, un ami d’enfance de Toto, familièrement appelé  » Rodolpho « , part le rejoindre en Égypte, il sera à Ismaïlia le 19 et prendra la relève d’A. Marc qui s’était occupé de lui jusque là.

13 novembre. – L’Impératrice et ses invités sont de retour de Haute-Egypte, ainsi que le Dr Broca, qui lui ôte son appareil:  » la guérison est parfaite  » à Estelle, le 14 novembre, (Corr. gén., tome X, pp. 434-435). Il fait part à Carlotta d’un projet de voyage en Haute-Égypte  » pour le dédommager  » de celui qu’il a manqué, mais il ne serait pas fâché qu’il n’aboutît pas:  » Vivre si loin de vous est une chose bien pénible pour moi  » (Corr. gén., ibid.) .

15 novembre. – Il part pour Ismaïlia assister à l’ouverture du canal et à la fête qui l’accompagne. Il a profité de son séjour au Caire pour terminer La Nature chez elle.

17 -21 novembre. – Inauguration du canal et traversée en bateau d’Ismaïlia à Suez; il en raconte les détails à Carlotta (lettre du 28 Corr. gén., tome X, pp. 440-441), ainsi que son excursion aux Pyramides à son retour au Caire (Corr. gén., tome X, pp. 440-441). Le projet de voyage en Haute-Egypte n’aboutit pas et il est sans regret (lettre à Estelle, 14 , Corr. gén. tome X, pp. 434-435).

2 décembre. – Gautier quitte le Caire.

5 décembre. Lettre de Toto: il est toujours auprès de son ministre et  » pas encore sous-préfet « , il est  » sur la piste d’une héritière  » (il s’agit de Mlle Portal, qu’il épousera). (Corr. gén., tome X, pp. 442-443).

5 décembre. – Gautier s’embarque à Alexandrie et débarque à Brindisi le 9.

14 décembre. Gautier est à Rome à la villa Médicis chez Hébert, qui en est alors le directeur. Il quitte Rome le 15 ou le 16, passe une journée à Genève auprès de Carlotta, mais il veut coucher à l’hôtel et non à Saint-Jean, Ernesta se trouvant chez sa sœur; (Lettre à Carlotta du 17 décembre, Corr. gén., tome X, p. 448).; il semble cependant qu’une sorte de paix se soit alors établie entre Ernesta et lui, ce qui a rendu Carlotta heureuse (lettre du 31 décembre, Corr. gén., tome X, p. 452).

23 décembre. – Gautier est à Paris, peut-être depuis quelques jours.

31 décembre. – Gautier envoie à Carlotta comme cadeau de jour de l’an, La Nature chez elle. Carlotta de son côté lui envoie un écran qu’elle a brodé, et une dormeuse.

En 1869, Gautier a publié trente articles de critique dramatique, quarante-et-un de critique artistique, deux articles de critique littéraire, un de variétés et dix-huit poèmes.

1870

1er janvier. Annonce de la publication de La Nature chez elle, avec des eaux-fortes de Karl Bodmer.

12 janvier. – Gautier se trouve au milieu des mouvements populaires qu’a provoqués le mort de Victor Noir. Il dîne cependant chez la princesse Mathilde.

Vers le 20 janvier. – Gautier fait part à Carlotta de ses inquiétudes devant la situation politique. (Corr. gén., tome XI, p. 17-18)

Fin janvier. – De Constantinople où elle habite, Marie Mattéi envoie à Gautier une très longue lettre: « Nulle part je n’ai été plus obstinément hantée par votre esprit que sous les cyprès du Petit Champ, ou la côte d’Asie entre Scutarie et Béicos; elle lui écrit « pour (se) délivrer de l’obsession « . Elle voulait le faire le 1er janvier:  » Mais alors, me souvenant du 1er janvier 1850, je tombai en rêverie. Vingt ans déjà (…) Je revis le faubourg St Honoré, l’hôtel Sinet où vous eûtes la bonté de venir tout courant me souhaiter l’année… » et elle termine: « Recevez mes vœux tout au moins pareils, sinon meilleurs que ceux que nous échangeâmes le 1er janvier 1850… » (Corr. gén., tome XII, pp. 246-250)

7 février. – Dans le J.O., Gautier s’arrête sur la reprise de Lucrèce Borgia à la Porte-Saint-Martin. Hugo lui écrit le 9 l’émotion qu’il a éprouvée à la lecture de l’article et Gautier fait part à Carlotta de la correspondance de Hugo (Corr. gén., tome XI, p. 34).

17 février. – Premier article sur son voyage en Égypte; le récit s’en poursuivra les 16 et 19 mars, 28 avril, 7, 8 mai dans leJ.O.; 18, 19, 20-21, 30 avril, 1er, 8, 9, 10 et 12 mai dans le J.O. du soir. L’ensemble sera repris dans le tome II de L’Orient en 1877, sans que Gautier ait fini sa relation.

26 février. – Toto, qui a été nommé début février sous-préfet à Pontoise, épouse Mlle Élise Portal: Gautier est satisfait; il l’avait écrit à Carlotta dans une lettre du 5 (Corr. gén., tome XI, p. 25-26) et Eugénie, sa mère, est heureuse.

27 février. – Toto invite son père, Eugénie Fort et toute sa famille à dîner à Pontoise avec ses beaux-parents.

10 mars. – Grand repas de famille à Neuilly.

26 mars. – Préface au catalogue de la vente des tableaux et études de Benjamin de Francesco; cette préface sera reprise dansSouvenirs de théâtre, d’art et de critique.

28 mars. – Publication dans Le Diable du sonnet  » L’impossible « , repris dans la deuxième série du Parnasse contemporain en mai 1870, puis dans le tome II des Poésies complètes.

9 avril. Lettre de Carlotta: elle remercie Gautier de ce qu’il ait reçu  » d’une manière cordiale  » Ernesta qui était allé le voir (Corr. gén., tome XI, p.59)

12 avril. – La librairie Hachette consent à la cession à Charpentier de toutes les œuvres de Gautier qu’elle a éditées, celui-ci ayant souhaité qu’elles fussent réunies  » dans les mêmes mains » (Corr. gén., tome XI, p.60) Hachette renonce en conséquence à réimprimer Le Roman de la momie, s’offre à céder à Charpentier les exemplaires restant d’Italia et de Caprices et zigzags et consent à ce que soient réunis en un volume Jean et Jeannette et Militona.Charpentier traite avec Gautier pour la réimpression du Roman de la momie.

21 avril. – Préface de Gautier au Catalogue de la vente de la collection du marquis de Villafranca: elle sera reprise dansSouvenirs de théâtre, d’art et de critique. Gautier souffre à nouveau de son genou et ne peut se rendre à Genève comme il l’avait projeté. Il pense qu’il a « une jettatura  » sur lui (lettre de fin avril, où il est toujours invalide, Corr. gén., tome XI, p. 67)

2 mai. – Dans le J.O., une partie de feuilleton est consacrée à « Nestor Roqueplan », dont il rappelle la jeunesse. Une partie du texte sera reprise dans l’article « Nestor Roqueplan » de l’Histoire du romantisme.

9 mai. – Un viticulteur de Villeneuve-sur-Lot, L. Auzelly, lecteur assidu des Salons de Gautier dont il connaît aussi le talent de peintre, a dédié son vignoble aux artistes récompensés du Salon; il propose à Gautier de lui envoyer quelques échantillons de ses meilleurs millésimes (Corr. gén., tome XI, p 76-77).

23 mai. – Dans le J.O. article sur Paul de Kock, qui vient de mourir, à propos d’une reprise de ses pièces. Une partie de cet article sera reprise dans les Portraits contemporains.

Mai. – Dans le Parnasse contemporain, deuxième série, publication de  » Marine, fragment d’un poème inédit  » ( » Jettatura « , fragment du poème), début d’un projet en vers pour le roman. Il sera repris dans le tome II des Poésies complètes. dans le même recueil, deux sonnets qui seront repris de même.

2 juin. – Dans le J.O., début des comptes rendus du salon de 1870; ils se poursuivront les 16-17, 21, 29 juin, 3, 7, 18 juillet, 2 et 8 août.

6-7 juin. – Dans le J.O., article nécrologique sur Joseph Bouchardy, repris à la suite de l’Histoire du romantisme.

8-10? juin. – Gautier est à Genève chez Carlotta.

14 juin. – Rodolfo lui envoie des notes pour la rédaction de son feuilleton dramatique du 20 juin et va en prendre au Salon. Gautier donne également des instructions à Estelle sur la façon d’y prendre des notes. (Corr. gén., tome XI, pp.91-92 )

18 juin. – Invitation à dîner de la princesse Mathilde, qui souhaiterait  » (le) garder quelques jours  » (Corr. gén., tome XI, p.94)

20 juin. – Gautier quitte Genève.

22 juin. – Gautier assiste aux obsèques de Jules de Goncourt: « … Je vois Théophile Gautier et Saint-Victor pleurer » note Edmond dans son Journal. Gautier rapporte à Carlotta la douleur d’Edmond de Goncourt: « complètement décomposé », qui avait l’air d’un spectre et de son propre bouleversement. ( Lettre du 22 juin, Corr. gén., tome XI, p.96-97 ) Il a passé toute la soirée chez la princesse Mathilde et ils ont parlé tout au long des Goncourt.

25 juin. – Dans le J.O., article nécrologique sur Jules de Goncourt, repris dans les Portraits contemporains.

14 juillet. – Gautier est  » en villégiature  » à Saint-Gratien depuis quelque temps.

19 juillet. – Déclaration de guerre à la Prusse. À Carlotta:  » Cette déclaration de guerre semble avoir rendu tout le monde fou. C’est un enthousiasme délirant, une joie universelle  » et il en décrit les manifestations (27 juillet, Corr. gén., tome XI, p.110). Toto est consigné dans sa sous-préfecture (à son père, 7 août, Corr. gén., tome XI, p. 114)

16 août. – Publication dans le J.O. d’un fragment de feuilleton consacré à Alexandre Soumet, qui sera repris dans l’Histoire du romantisme.

22 août. – E. de Goncourt note dans son Journal:  » Je vais voir Gautier qui pleure avec moi, la maison qu’il a arrangée, l’angelus ridens et artistique de sa vieillesse « . Gautier quittera en effet Neuilly devant l’avance allemande.

30 août. – Gautier emmène Estelle en Suisse près de Carlotta, qui était alors en vacances à la pension Bonport  » sous Montreux  » et qui lui a proposé d’accueillir Estelle, ses sœurs ayant renoncé à s’y rendre aussi; il confie Eugénie à son fils, (lettre à Toto,du 30, Corr. gén., tome XI, p.119).

5 septembre. – Gautier vient d’apprendre la proclamation de la république:  » Quelle série de catastrophes! quel écroulement! quelle débacle! Que devient L’Officiel sous la république? Avec quoi, vivrons-nous le mois prochain? Je l’ignore (…) Je suis assommé, abruti, inquiet. c’est bien terrible, à l’âge que j’ai, de voir la France envahie, Paris peut-être bombardé, ma vie si laborieusement arrangée, renversée et perdue en une minute  » (lettre à Rodolfo, Corr. gén., tome XI, pp. 120-121). Il n’a pas de nouvelles de la princesse Mathilde. Il ne sait rien de Toto.

8 septembre. – La princesse Mathilde, qui s’est réfugiée à Mons, lui dit son désarroi et sa douleur et se félicite de  » (l)’avoir prié de (s)’absenter- C’est un souci de moins pour moi de vous savoir en lieu sûr et aimé  » (Corr. gén., tome XI, pp. 121-122).

9 septembre. – Gautier apprend à Montreux la défaite de Sedan; il va à Genève, où la nouvelle lui est confirmée et lit dans un journal que la princesse Mathilde a été arrêtée; il décide alors de partir pour Paris, et apprend au moment où il quitte Genève, que Toto est à Londres avec sa femme (il a été destitué).

11 septembre. – Gautier est toujours à Neuilly, où il a retrouvé ses sœurs, mais s’apprête à partir (lettre à Carlotta du 11,Corr. gén., tome XI; p.). On attend les Prussiens devant Paris  » dans le commencement de la semaine prochaine  » (lettre à Estelle du 9, Corr. gén., tome XI, pp. 124-125). D’autre part  » l’affaire de L’Officiel pourra peut-être s’arranger ».

11 septembre. – Gautier confirme qu’il est maintenu à L’Officiel.

Un arrêté du préfet de police ayant ordonné la fermeture des théâtres, il n’est plus question de feuilleton dramatique; on lui demande  » un article en situation qui pourrait passer en variétés  » (lettre à Kaempfen, Corr. gén., tome XI, p.126).

Mi-septembre. – Gautier a été obligé de quitter sa maison de Neuilly.

17 septembre. – Gautier se réfugie avec ses sœurs à Paris, 12 rue de Beaune. Il n’envisage pas de retourner en Suisse:  » Quoique je ne puisse en rien contribuer à la défense, je partagerai le danger avec les autres. Ce n’est pas quand la vieille mère est à l’agonie que ses enfants doivent la quitter sous prétexte que l’air n’est pas sain. » (lettre à la princesse Mathilde vers le 20 septembre, Corr. gén., tome XI, p.127).

17 septembre. – Dans le J.O., il commence ses articles de  » variétés « , intitulés « Voyages dans Paris. Tableaux de siège « . Ils se poursuivront les 5, 10, 17, 26 octobre, 2, 13, 23, 28 novembre, 5, 20 décembre 1870, 2, 12, 22, 27 février, 13 mars 1871, 18 mars (dans L’Ill.), 1er, 5, 15 mai, 6 juin, 3, 11 juillet, 5, 14, 30 août, 16 septembre (dans L’Ill.) 5, 9, 14 octobre (ces trois derniers articles dans La Gazette de Paris). L’ensemble de ces articles sera publié en volume à la fin de 1871 sous le titreTableaux de siège. Il en parle à Carlotta dans une lettre du 31 octobre;  » j’étais à l’Officiel. Des articles intitulés  » Voyages dans Paris « , qui ont eu beaucoup de succès et qui feront après le siège un volume assez curieux « . Une inconnue lui dira, le 23 novembre, qu’elle a pleuré en lisant son feuilleton du même jour  » La Maison abandonnée  » (celle de Neuilly).

10 octobre. – Gautier, malade, n’a pu se rendre à l’Officiel.

31 octobre. – Gautier donne des nouvelles du siège de Paris à Carlotta (lettre par ballon, (Corr. gén., tome XI, pp. 132-133).

1er novembre. – E. de Goncourt note dans son Journal que ce qui a perdu la France, selon Gautier,  » c’est le classicisme « .

14 novembre. – Lettre à Estelle, toujours par ballon: le problème de la nourriture est de plus en plus difficile  » mais tout cela n’est rien; ce qui est navrant, c’est d’être muré dans un tombeau, séparé de la France et du monde…  » (Corr. gén., tome XI, pp. 134-136). Mêmes plaintes dans les lettres à Carlotta des 30 novembre et 15 décembre (Corr. gén., tome XI, pp. 137-138 et 138-140).

10 décembre. – Dans le Journal d’E. de Goncourt:  » Tout le monde fond, tout le monde maigrit..(..) Gautier se lamente de porter des bretelles pour la première fois: « son abdomen ne soutenant plus son pantalon « .

Fin décembre. – Gautier demande à Victor Hugo d’intervenir auprès du général Le Flô en faveur de sa jument Catherine qu’on veut abattre pour les besoins de l’alimentation (Corr. gén., tome XI, p. 141). Le 29, Hugo note:  » Théophile Gautier a un cheval, ce cheval est requisitionné. On veut le manger. Gautier m’écrit et me prie d’obtenir sa grâce. Je l’ai demandée au ministre. J’ai sauvé le cheval. »

En 1870, Gautier a publié trente-et-un articles de critique dramatique, dix-huit de critique artistique, six de voyages, onze de variétés et quatre poèmes.

1871

9 janvier. – A Estelle il se plaint de la rareté des vivres, il souffre du plus abominable rhume qu’on puisse souhaiter à un ennemi (Corr. gén., tome XI, pp. 147-148).

25 janvier. – Gautier dit avoir eu une  » pneumonie  » (Corr. gén., tome XI, p. 148).

2 février. – Dans le J.O., article nécrologique sur le peintre Henri Regnault, tué à la fin du siège; Gautier le considérait comme un maître malgré son jeune âge.

12 février. – Paris a capitulé fin janvier, l’armistice est signé le 28. Gautier se remet difficilement de son affection pulmonaire, les conditions de vie sont toujours pénibles! Il a enfin reçu des nouvelles; Toto a eu un fils, Paul, le 18 décembre 1870. Carlotta a quitté Saint-Jean pour Genève (lettre à Estelle du 11 février, Corr. gén., tome XI, pp. 148-149): il voudrait s’y rendre (lettre à Carlotta du 13, Corr. gén., tome XI, pp. 150-151). E. de Goncourt rend visite à Gautier dans son  » logement d’ouvrier  » de la rue de Beaune; il en décrit la misérable situation et songe à  » l’injustice de la rémunération dans l’art « , en évoquant la fortune de Ponson du Terrail.

14 février. – Gautier a enfin reçu des nouvelles d’Eugénie Fort, qui avait rejoint son fils à Londres. Il en donne à son tour (Corr. gén., tome XI, pp. 152-153).

17 février. – Il est écœuré de la situation politique:  » Il est pénible de vivre entouré de fous, de brutes et de furieux! On se dispute avec acharnement sur des puérilités, comme si l’ennemi n’était pas à nos portes, maître de nos forts, prêt à profiter du premier prétexte pour nous anéantir, (…) Tout cela est bien triste et bien honteux. Ce qu’il y a de mieux à faire est de se réfugier dans le travail et dans le cœur de ceux qui vous aiment « ; sa santé n’est pas rétablie et envisager un voyage à Genève est toujours impossible.

27 février. – Dans le J.O., article nécrologique sur le peintre Victor Giraud, « … peintre du « Marchand d’esclaves » et du  » Charmeur  » (..) le mieux doué des jeunes artistes après Regnault  » (lettre à Estelle du 5 mars, Corr. gén., tome XI, p. 160).

9 mars. À Carlotta: il a eu une rechute et a eu du mal à s’en remettre, il espère cependant aller à Genève vers le 20 ou le 25; mais les événements de la Commune ont commencé et il en est épouvanté, il pense à préparer sa nécrologie. Il a commencé à réinstaller la maison de Neuilly  » intacte, par miracle « .

10 mars. Gautier espère aller à Bruxelles où Eugénie Fort, Toto et toute sa famille se sont installés, et de là, gagner Genève.

18 mars. – Gautier se réinstalle à Neuilly avec ses sœurs.

25 mars. – L’insurrection de la Commune, qui a éclaté le 18, l’a obligé de se réfugier à Versailles, dans l’appartement d’Eugénie, 3 avenue de Saint-Cloud; L’Officiel se fait à Versailles, où tout le monde diplomatique et politique s’est replié: Gautier a conscience qu’il s’agit d’une  » guerre sociale  » (lettre à Carlotta, Corr. gén., tome XI, pp. 167-168). Sa sœur Lili est restée à Neuilly.

1er avril. Gautier essaie de dissuader Eugénie de revenir à Versailles.

2 avril. – À Carlotta:  » On marche à quatre-vingt-treize et à la terreur. Le drapeau rouge, que Lamartine avait fait rentrer dans le ruisseau sanguinolent, d’une parole éloquente, flotte sur l’Hôtel de Ville et sur tous les monuments de Paris déshonoré. Une pareille époque n’est guère favorable à la littérature… » (Corr. gén., tome XI, pp. 173-174).

21 avril. – À Carlotta:  » Ma position est bien étrange. Je ne puis rentrer dans Paris, où je suis condamné à mort comme étant attaché à un journal du gouvernement, ni retourner à Neuilly où cette malheureuse Lili a eu l’idée de retourner (…) Elle vit dans la cave, sous une pluie perpétuelle d’obus… » Puis il déplore la situation politique et la guerre civile.

Fin avril. – Dans le J.O., article nécrologique sur Emile Deschamps:  » Il avait le don de l’admiration, qualité rare chez les poètes surtout, Narcisses toujours penchés sur leur propre miroir. »

24 avril. – Eugénie Fort rentre à Versailles. J’ai trouvé T.G. et Zoé; ils avaient avec eux quatre personnes du Journal officielet deux soldats. Trois jours après, nous n’étions plus que trois. Emilie est à Neuilly, elle habite dans la cave! (…) T.G. ne dîne jamais avec nous. Toute la dépense de la table est faite par Zoé. » (Journal).

1er mai – Dans le J.O., début de la publication des articles sur  » Le Versailles de Louis XIV « ; ils se poursuivront les 5, 15 mai et 6 juin.

6 mai. – À Carlotta:  » Nous étions assiégés, nous voilà assiégeants, et c’est peut-être plus triste, car c’est sur notre propre ville que nous tirons (…) Le grand assaut va se donner bientôt; il se donne peut-être en ce moment, mais pour Dieu, que cela finisse d’une façon ou d’une autre; une pareille vie est intolérable! » Il espère cependant pouvoir bientôt réaliser son voyage à Genève ( Corr. gén., tome XI, pp. 184-85).

7 ou 8 mai. – À Estelle: « Je parviendrai peut-être à me relever de cet écroulement  » (Corr. gén., tome XI, p. 186).

20 mai. – Lettre à Estelle:  » La Maison de Neuilly a reçu un obus et a failli brûler « ; puis il raconte les débordements de la Commune, qui se passent  » devant un peuple dont l’âme semble s’être évaporée, abruti qu’il est par cette Terreur bête. « ( Corr. gén., tome XI, pp. 188-189).

24 mai. – Gautier, Eugénie et Zoé vont voir Emilie à Neuilly; en retournant à Versailles, ils apprennent que Paris brûle.

27 mai. – Maurice Dreyfous demande à Gautier de  » faire tout (son) possible pour former une brigade d’artistes assez courageux pour aller partout où ce sera nécessaire pour indiquer aux pompiers et aux sauveteurs les objets, les tableaux , statues, livres etc. qu’il faut avant tous les autres arracher aux chances d’un effondrement ou d’une combustion quelconque. » Gautier lui répond immédiatement que son idée est excellente, mais que les événements marchent si vite qu’elle n’a plus d’objet:  » L’insurrection est vaincue. Le Louvre n’a pas été atteint par l’incendie; il n’y a pas heureusement à regretter la perte d’aucun tableau, d’aucune statue. La Monna Lisa et la Vénus de Milo vivent toujours de leur vie éternelle et radieuse. La barbarie n’a pas pu prévaloir contre elles (…) La Bibliothèque nationale est sauvée. le Luxembourg n’a pas sauté. La galerie des tableaux modernes est intacte. Les peintures de l’Hôtel de Ville, la salle Delacroix, le plafond d’Ingres, la salle Lehmann doivent avoir péri avec l’édifice et là il n’y a pas de sauvetage à espérer. La part du feu est faite  » (lettre sans doute de tout à fait fin mai, la Commune ayant été écrasée le 28 mai ( Corr. gén. tome XI, pp. 190-191). Gautier souhaite à la princesse Mathilde son anniversaire en lui envoyant un sonnet,  » Le Vingt-sept mai  » ( Corr. gén., tome XI, p. 140), qui sera repris dans les Poésies complètes.

12 juin. – Gautier est réinstallé à Neuilly  » au milieu des gravats, des murs à jour, des cloisons effondrées, des planchers qui gondolent, des fenêtres sans vitres, des portes ne fermant plus « , heureusement,  » les meubles étaient à la cave, les tableaux à Paris où ils ont eu la chance de n’être pas brûlés.  » (lettre à Alphonsine Laffite, 16 juin, Corr. gén. tome XI, pp. 199-200). Et il exprime sa rancœur contre la République. Il pense cependant que le monde a besoin de Paris, et il ajoute:  » L’avenir n’est pas désespéré, mais le présent est bien triste. » Il écrit le 14 à Carlotta qu’il essaie de rendre Neuilly à peu près habitable, et lui annonce son départ pour Bruxelles le lendemain auprès de Toto pour assister au baptême de son petit-fils (Corr. gén., tome XI, pp. 197-198).

21 juin. – Gautier est content de son petit-fils. Le baptême n’a pu avoir lieu, car la marraine, la princesse Mathilde, a dû partir pour Saint-Germain. Toto va s’installer avec sa famille, provisoirement à Neuilly (Corr. gén. tome XI, pp. 202-203).

26 juin. – Gautier est à Genève et retrouve sa fille Estelle et Carlotta. Il ne s’accoutume pas de ne pas voir Carlotta dans son cadre de Saint-Jean. Il raconte sa rencontre avec le vicomte de Lovenjoul à Bruxelles et la visite de sa bibliothèque, qui contient tout ce qu’il a écrit (lettre à Emilie, Corr. gén., tome XI, PP. 204-206).

Fin juin. – Gautier a écrit à Genève ses articles sur  » Les Ruines de Paris « , qui paraîtront les 3, 11 juillet et 5 août dans la suite des Tableaux de siège et qui doivent lui permettre de payer son voyage de retour à Paris.

20 juillet (?). – Gautier rentre à Paris avec Estelle, mais la maison de Neuilly n’est pas encore réinstallée et il doit retourner à Versailles où se trouve toujours L’Officiel ; il demeure chez Eugénie, qui elle-même a regagné son propre toit, avec Estelle et Toto, qui cherche toujours une situation, vient souvent leur rendre visite.

15-19 août. – Gautier est à Saint-Gratien, chez la princesse Mathilde: « Avec quel plaisir nous nous sommes revus et embrassés, mais une tristesse secrète plane sur tout cela. » (lettre à Carlotta du 17 août, Corr. gén., tome XI, pp.224-225). Il corrige les épreuves des Tableaux de siège qui vont paraître chez Charpentier.

Septembre. – Il va de nouveau à Saint-Gratien, où la princesse l’a invité avec Estelle qui se plaît beaucoup dans cette villa  » qui est une vraie abbaye de Thélème  » (à Carlotta, septembre, Corr. gén., tome XI, pp. 234-235).

23 septembre. – Gautier a réintégré Neuilly: « Notre bazar se raccommode petit à petit et sera bientôt à peu près habitable, mais c’est bien long  » (lettre à Eugénie, Corr. gén., tome XI, P. 230).

6 octobre. – Le ministre de l’Instruction publique fait savoir à Gautier que l’indemnité annuelle de 3000 francs qui lui avait été accordée en 1863, est rétablie et que va lui être payé le troisième trimestre de 1871. (Corr. gén., tome I, pp. 238-239).

8 octobre. – Dans La Gazette de Paris, , Gautier constate la reprise de la vie normale à Paris et annonce la réouverture des théâtres; le théâtre, dit-il,  » est indispensable à une grande ville. C’est toujours un centre d’attraction et d’activité joyeuse; un théâtre illumine et vivifie tout un quartier. » A propos de la reprise d’Adrienne Lecouvreur de Scribe, il rappelle les débuts de Rachel dans cette pièce le 19 avril 1849, débuts auxquels il assistait.

Début octobre. – Gautier est à nouveau à Saint-Gratien

8 octobre. – Il est de retour à Paris.

9 octobre. – Elise, sa belle-fille, est accouchée d’un garçon.

13 octobre. – Gautier est à nouveau à Saint-Gratien avec Estelle.

21 octobre. – Charpentier demande à Gautier s’il veut mettre  » quelques lignes de préface  » à l’édition en volume des Tableaux de siège. ( Corr. gén., tome XI, p. 242).

22 octobre. – Carlotta lui demande de remettre sa visite à Genève pour la Saint-Charles; la santé de sa fille l’oblige à aller à Madère; en fait, elle partira pour l’Espagne (Corr. gén., tome XI, pp. 243-244).

13 novembre. – Dans La Gazette de Paris, article sur Le Bois, comédie en vers d’Albert Glatigny; une partie en sera reprise dans l’article  » Albert Glatigny  » dans les Portraits contemporains. Glatigny était, dit-il,  » une des plus étranges figures de ce temps « .

14 novembre. – On lui a obtenu un rappel de sa pension pour le troisième trimestre de 1870. À Carlotta:  » Vous recevrez (…) le livre que j’aurais voulu mettre moi-même à vos pieds; les Tableaux de siège. » Il y joint un exemplaire de son Voyage en Espagne, en regrettant de ne pouvoir revoir avec elle les villes d’Espagne qu’il a aimées. (Corr. gén., tome XI, pp. 249-250).

19 novembre. Dans La Gazette de Paris, article sur l’entrée de Jules Janin à l’Académie: « … pour la première fois, le feuilleton s’assoit avec lui au fauteuil académique.  » J. Janin a  » inventé  » le feuilleton de théâtre. Ce texte sera repris dans lesPortraits contemporains.

Décembre. – Dans La Gazette de Paris, article sur  » Ramjar et Samjo, acrobates indiens « , qui sera repris dans le tome II deL’Orient.

22 décembre. – Paul de Saint-Victor lui fait savoir, d’après Renan, que l’empereur du Brésil désire les voir et qu’ils seraient introduits auprès de lui par  » M. de Gobineau, ministre de France à Rio-de-Janeiro « . Gautier se dit prêt à répondre à l’invitation (lettre du 26, Corr. gén., tome XI, p. 252).

25 décembre. – Carlotta, en voyage en Espagne, lui envoie ses vœux. Gautier lui envoie les siens à peu près à la même date:  » Cette lettre vous arrivera à peu près le jour de l’an. Je la termine en vous envoyant tous mes souhaits pour l’année 1872, qui n’aura pas de peine à valoir mieux que 1871 « . (Corr. gén., tome XI, pp. 261-262).

En 1871, Gautier a publié onze articles de critique dramatique, dix-neuf de variétés, deux de critique littéraire.

1872

18 janvier. – A Carlotta: il est  » de nouveau enrhumé « ; il avait été souffrant aux environs de Noël,  » et il tousse pendant la nuit  » ;  » Je ne sors que pour l’indispensable. On m’a demandé de garder la chambre. Je la garde, mais ce n’est pas fort gai.  » (Corr. gén., tome XII, pp. 12-13)

Fin janvier-début février. – Sa santé ne lui a pas permis de répondre à une invitation de Régina Lhomme, mais elle est toujours présente à sa pensée. (Corr. gén., tome XII, pp. 15-16)

7 février. – Chez la princesse Mathilde, Gautier défend Hugo  » un peu contre tout le monde… c’est toujours le grand Hugo, le poète des vapeurs, des nuées, de la mer, – le poète des fluides!  » (Goncourt, Journal). Il fait l’éloge de Judith à E. de Goncourt et Goncourt de commenter:  » On sent qu’il est fier d’avoir créé cette cervelle.  » Peut-être faut-il dire que la liaison reprise par Catulle Mendès avec la cantatrice Augusta Holmès a détruit le ménage.

10 février. – Dans L’Ill., article sur  » Henri Regnault. Tableaux, esquisses, études et dessins « . Il sera repris dans la  » Notice  » pour le  » Catalogue des œuvres d’Henri Regnault exposées à l’Ecole des Beaux-Arts « , publié le 23 mars. Gautier s’était renseigné sur H. Regnault auprès de sa fiancée, Geneviève Breton, qui lui a envoyé fin 1871, des renseignements sur le peintre et, le 13 mars, le remercie avec émotion de son article. (Corr. gén. tome XII, pp. 19-22, 29-30 )

28 février. – Dans La Gazette de Paris, article sur la reprise de Ruy Blas, c’est le dernier article de critique dramatique de Gautier.

1er mars. – Hugo lui dit son admiration:  » Votre critique a la puissance de la création  » (Corr. gén. tome XII, p.26) et le convie à dîner le 4. Gautier ne s’y rendra pas, mais s’y trouvent Ernesta Grisi, Catulle Mendès et Judith, dont les relations avec Hugo deviennent étroites et très affectueuses.

2 mars. – E. de Goncourt dîne chez Flaubert avec Tourguéneff et Gautier, physiquement atteint et qui déclare:  » Au fond, rien ne m’intéresse plus… Il me semble que je ne suis plus contemporain.. (..) j’ai comme le sentiment d’être déjà mort. «

3 mars. – Publication dans Le Bien public du premier article de l’Histoire du romantisme ; il sera suivi de onze articles les 10, 17, 24 mars, 3, 7, 14, 21 avril, 1er, 5, 12 mai et 6 novembre 1872, ce dernier article étant resté inachevé; l’ensemble fut publié en volume en 1874 chez Charpentier, suivi de Notices romantiques et du Rapport sur les progrès de la poésie française depuis 1830.

14 mars. – Gautier, malade, n’a pu dîner chez la princesse Mathilde; il doit voir le Dr Ricord, que Goncourt appelle  » l’enterreur officiel « :  » sa présence semble précipiter les décès. » Gautier demande à Goncourt s’il  » trouve de l’intérêt à sonHistoire du romantisme. Il est un peu inquiet. Il se sent si souffrant, si fatigué, qu’il ne croit pas que ça vaille ce qu’il aurait pu faire. Il regrette que la forme du journal ne lui permette pas de développer l’esthétique de la chose… ».

Mars. – Lettre à Carlotta:  » Tout eSt provisoire, le gouvernement, la fortune publique, le commerce, et surtout la littérature. Du travail, on en trouverait encore mais c’est se faire payer qui n’est pas facile; (…) Quant à moi, je me suis à peu près tiré d’affaire (…) Mais il n’en est pas moins pénible d’avoir à recommencer sa vie, au moment où l’on allait jouir d’un repos bien gagné par quarante ans de travail, surtout lorsque la santé jusque là fidèle vous fait défaut et devient capricieuse.  » (Corr. gén., tome XII, p. 24). Il lui annonce que Toto a retrouvé un emploi: il est secrétaire de Rouher.

Mars. – Nouvelle lettre à Carlotta: il lui annonce qu’Estelle va se marier  » vers la fin d’avril « :  » Elle épouse M. Émile Bergerat, un jeune poète qui a fait Les Cuirassiers de Reichshoffen, une pièce de vers sur la bataille, dont le succès a été immense pendant le siège et qu’on a répétée ensuite dans toute la France; non seulement il est poète, mais il écrit très bien en prose et a le travail certain et régulier. C’est en outre mon plus fervent admirateur et nous travaillons côte à côte, dans le même journal, au Bien public. «  Bergerat était venu à Neuilly pour la première fois dans l’été 1871. (Corr. gén. tome XII, p.33-34).

Fin avril-début mai. – À Carlotta: il a été  » très sérieusement malade « :  » C’était une complication de bronchite, d’hypertrophie du cœur, d’enflure des pieds et des jambes, de rhumatisme vague et d’anémie poussée au dernier degré, le tout compliqué de mélancolie, d’hypocondrie et de chagrin jaune. J’ai passé un bien triste hiver et un bien maussade printemps, loin de vous et sans espoir de vous revoir…  » (Corr. gén., tome XII, p.41)

8 mai. – E. de Goncourt dans son Journal note qu’il y a chez Gautier, non point encore une diminution de l’intelligence, mais comme un sommeillement du cerveau.

14 mai. – La direction des Beaux-Arts lui offre mille francs pour un ballet qu’il doit faire pour Massenet. V. Hugo s’excuse de ne pouvoir assister au mariage d’Estelle et invite Gautier et le jeune couple à dîner ( Corr. gén., tome XII, p.48) Banville s’excuse de son côté; il a la goutte. (lettre du 16 mai Corr. gén. tome XII, p.).

15 mai. – Mariage d’Estelle à l’église de Neuilly  » encore toute trouée des éclats d’obus de la Commune « : une cérémonie pleine de mauvais présages pour les superstitieux, selon E. de Goncourt (Journal).

Fin mai. – A Carlotta:  » J’ai été très sérieusement malade, en sérieux danger de mort.. (…) J’ai souffert de toutes les façons ces dernières années; les privations physiques, la faim; le froid, les revers de fortune, les inquiétudes d’esprit et de cœur, toutes les horreurs de la guerre étrangère et de la guerre civile; j’ai été séparé de tout ce que j’aimais, enfermé vivant dans le tombeau, et, la crise passée, il se produit une réaction sur moi…. » Il lui annonce la sixième édition d’Émaux et Camées: » J’en ai fait tirer un magnifique exemplaire qui porte votre nom et que je mettrai à vos pieds quand j’irai en Espagne à moins que vous ne préfériez l’avoir plus tôt.  » (Corr. gén., tome XII, pp. 52-53)

1er juin. – Annonce de la publication de la sixième édition d’Émaux et Camées , augmentée de huit poèmes.

28 mai. – Début des articles sur le Salon de 1872 dans Le Bien public; ils se poursuivront les 2, 7 et 17 juin dans le même journal, et le 8 juin dans L’Ill.; l’article du 17 juin est le dernier publié du vivant de Gautier.

juin. – La princesse Mathilde espère la visite de Gautier (Corr. gén. tome XII, p.55)

5 juin. – V. Hugo l’invite à dîner le 11 juin à l’occasion de la 100e représentation de Ruy Blas. (Corr. gén. tome XII, p.). Il est effrayé de son état.

15 juin. – Délivrance à Gautier d’un passeport pour se rendre en Belgique, peut-être dans l’intention de rencontrer le vicomte Sp. de Lovenjoul; une lettre à celui-ci de mai permet de le supposer (Corr. gén., tome XII, p.). Gautier regrette de ne pouvoir accompagner Dreyfous qui va chercher auprès du vicomte des renseignements sur son œuvre, que ce dernier est seul à posséder.

26 juin. – Traité avec Charpentier, par lequel Gautier cède à la bibliothèque Charpentier le droit d’imprimer et de réimprimer l’ensemble de son œuvre: livres, articles et autres publications, avec l’assurance d’un versement immédiat supplémentaire de la même somme (Corr. gén. tome XII, p.57-58).

29 juin. – À Régina Lhomme: il se remet d’un syncope  » qui a fort alarmé les (siens).  » (Corr. gén., tome XII, p.59).

Fin juin-début juillet. – À Carlotta: il a été  » extrêmement malade  » et tout travail lui est interdit (Corr. gén. tome XII, p.63).

10 juillet. – Gautier vient dîner chez Hugo.

1er août. – E. de Goncourt dîne chez Gautier, qui a eu la veille  » une paralysie de la langue  » (Journal).

Fin juillet-début août. – A Carlotta:  » J’ai été extrêmement malade depuis votre départ, et si faible, si languissant qu’on m’a interdit tout travail « , mais il se trouve mieux et espère pouvoir aller à Genève  » dans quinze jours ou trois semaines « ; il ne peut écrire beaucoup, mais  » si mon style est sobre, mon cœur déborde  » (Corr., gén., tome XII, p.63)

Première quinzaine d’août (?). – Il a obtenu la permission de partir.

16 août. – Lettre de recommandation de la Compagnie des chemins de fer P.L.M. pour un voyage Paris-Genève. (Corr. gén., tome XII, p.68)

30 août. À Carlotta: il fait écrire par Bergerat, car il a été  » assez gravement malade « . (Corr. gén., tome XII, p. 69)

12 octobre. – Annonce de la publication de son Théâtre, comprenant L’Amour souffle où il veut, fragment d’une comédie en trois actes et en vers, La Perle du Rialto, fragment écrit en 1850 et le Prologue de Struensée, écrit en 1853 et destiné à un opéra de Meyerbeer.

20 octobre. – La princesse Mathilde rend visite à son  » illustre bibliothécaire  » (article de F. Dillaye dans Le Républicain de Besançon du 27 octobre).

23 octobre. – Mort de Théophile Gautier dans sa maison de Neuilly à huit heures trente-deux. Bergerat fait dans sonThéophile Gautier. Entretiens, souvenirs et correspondance, le récit des derniers jours du poète.

24 octobre. – E. de Goncourt, qui a appris la veille la mort de Gautier se rend à Neuilly.  » Bergerat m’a fait entrer dans la chambre du mort. Sa tête, d’une pâleur orangée, s’enfonçait dans le noir des ses longs cheveux. Il avait sur la poitrine, un chapelet, dont les grains blancs, autour d’une rose en train de se faner, ressemblaient à l’égrenement d’une branchette de symphorine. Et le poète avait ainsi la sérénité farouche d’un barbare, ensommeillé dans le néant… (..) La chambre même, avec son chevet de chêne du lit, la tache rouge du velours d’un livre de messe, une brindille de buis dans une poterie sauvage, me donnaient tout à coup la pensée d’être introduit dans un cubibulum de l’ancienne Gaule, dont un primitif grandiose, redoutable intérieur roman « .

25 octobre. Funérailles de Gautier dans l’église de Neuilly et au cimetière de Montmartre.  » L’enterrement est pompeux  » note Goncourt.  » Les clairons de l’armée rendent les honneurs à l’officier de la Légion d’Honneur. Les plus touchantes voix de l’Opéra chantent le Requiem de l’auteur de Giselle. » De nombreux journaux donnent un compte rendu des obsèques, en signalant toutes les personnalités présentes. Carlotta avait envoyé  » un énorme bouquet de violettes, sous lequel (le cercueil) disparaissait presque entièrement  » rapporte Bergerat qui raconte comment, le clergé ayant emporté eau bénite et goupillon, les assistants, en guise d’aspersion finale, jonchèrent la fosse de feuilles. Le discours funèbre avait été prononcé par Alexandre Dumas fils, et il est rapporté dans L’Evénement du 27 octobre;  » … C’était un maître en l’art d’écrire, cet homme excellent que fut Théophile Gautier. Toute la langue française, avec ses exigences, ses ramifications, sa technique a tenu dans ce cerveau clair et puissant à la fois , et nul ne l’a jamais maniée avec plus de sûreté, de grâce, de science et de force. (…) Gautier était et fut autant que qui que ce soit l’homme de l’amitié, du travail, du devoir, du patriotisme même. De ce qu’il ne faisait pas de tapage de ses dévouements et de ses sacrifices, il ne faut pas en conclure qu’ils lui étaient inconnus.  » En 1873,  » au bout de l’an de Théophile Gautier « , Banville, « devant les amis du poète, réunis une dernière fois devant le monument édifié par M. Godebski  » (Bergerat) prononce un discours ému et tout de louange: « Théophile Gautier fut essentiellement poète « ;  » De quelque côté que j’envisage la vie de Théophile Gautier, j’y vois toujours une unité parfaite et que rien ne brise; cette unité, je la vois surtout, et je me plais à la voir dans la fidèle religion de Gautier pour Victor Hugo. » Et il termine ainsi:  » Offrons-lui ce qui fut l’objet unique de tous ses vœux, la récompense mouillée de pleurs; la couronne sombre et impérissable, le cruel, le douloureux, l’idéal, le divin laurier. «

En 1872, Gautier a publié cinq articles de critique dramatique, neuf de critique artistique, quatorze d’histoire littéraire.

Un petit nombre de textes, dont le recensement a été fait par Spoelberch de Lovenjoul dans son Histoire des Œuvres de Théophile Gautier, a été publié après sa mort.

Pierre LAUBRIET


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